122 podcast – Virginie Delalande : Ta différence est ta force ! De 1ère avocate sourde en France, à marketeuse, à conférencière professionnelle

Virginie Delalande

Cela faisait 4 ans que je rêvais d’avoir Virginie Delalande dans le podcast.
Virginie fait partie de ces femmes lumineuses, dont la rencontre change une vie.
Je peux vous dire qu’elle est aussi belle de l’intérieur que de l’extérieur et c’est peu dire.

Virginie naît avec une surdité profonde. Grâce à sa détermination et 20 ans d’orthophonie, ses parents réussissent le défi fou qu’elle puisse parler.
Sans le savoir, elle devient la première avocate sourde en France. Après plusieurs années, son corps lui parle de plus en plus fort jusqu’à faire un burnout. Elle décide alors de faire du marketing. Parce qu’elle n’était toujours pas à sa place, elle tente une réorientation en tant que coach. Mais un coup du destin la surprend et l’emmène sur la scène.
Aujourd’hui Virginie est à sa place en tant que conférencière professionnelle.
Je ne vous en dis pas plus, je vous souhaite la bienvenue dans l’univers de Virginie Delalande.

Pour écouter l’épisode de podcast avec Virginie Delalande : sur SPOTIFY DEEZER APPLE PODCASTS GOOGLE PODCASTS YOUTUBE mais aussi Castbox, Eeko… et ici ☟

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Dans cet épisode de podcast avec Virginie Delalande, découvrez :
Je me suis dit : Pour elle, pour son frère, je suis un monstre. Et donc forcément, ça a complètement changé mon regard sur les personnes qui me considéraient différemment.
Et je me suis dit : En fait, je ne suis pas comme les autres. Je suis inférieur, je suis moins bien.

Le médecin a d’ailleurs très gentiment dit à mes parents: Votre fille est sourde, elle ne parlera jamais.
Sauf que mes parents, comme ils étaient assez jeunes, ils avaient respectivement 20-21 ans, se sont dit: avec l’élan de la jeunesse, ça n’arrivera pas à notre fille, elle parlera.

Parce que mon rêve était d’être vétérinaire, sauf qu’au moment de la période du choix de l’orientation, l’équivalent de parcoursup, pour y aller, ma maman m’a dit: Pas du tout !
Donc, il a fallu me trouver un plan B. Il se trouve qu’à l’époque, j’étais quand même une jeune femme très en colère. Une femme qui ressentait un sentiment d’injustuce énorme. Et j’avais bien compris que si vous voulez, changer les choses, avoir du poids, avoir de l’impact, il fallait quand même un métier où il puisse bien gagner sa vie. Pour ensuite, derrière, éventuellement financer des associations, des choses, des initiatives qui permettent de faire bouger les lignes. Parce qu’à l’époque, je n’avais pas du tout la prétention de me dire que je pouvais changer quoi que ce soit. Et le droit aussi, parce que je me suis sentie victime. Et je me suis dit « grâce au droit, je vais pouvoir défendre toutes ces personnes qu’on n’écoute pas aujourd’hui ». Que ce soient les femmes battues, que ce soient les enfants, que ce soient les étrangers, que ce soient les personnes qui n’ont pas le droit à la parole au sens large du terme. Et je me suis dit, je serai cette avocate.

Comment tu vas concilier ta vie de mère et ta vie professionnelle ? Et ça, c’est une idée qui m’a poursuivi pendant très longtemps. Comme ma mère m’a toujours dit: Virginie, tu ne peux pas avoir les deux. Tu es obligée de choisir. Et pour moi, c’était impossible. Je voulais les deux !

Et ma petite voix, justement, me disait : En fait, Virginie, mais clairement, tu n’es pas à ta place. Sauf que j’avais mon égo, j’avais mon éducation de perfectionniste, de nana qui doit être top, mais à tous les niveaux, financièrement, professionnellement, en termes de statut social, en termes de maternité, bref. En termes d’apparence physique, tout ça.
Et en plus, j’étais en situation de handicap. Donc, il y avait aussi cette espèce de fierté personnelle à me dire : Je fais partie des 3% en France qui sont cadres supérieurs. Donc, pas question de perdre tout ça. Sauf qu’avec un petit travail avec mon coach, je me suis rendue compte que clairement, je n’étais pas du au bon endroit et que de toute façon, ça allait se retourner autrement. Et c’est comme ça que finalement, j’ai choisi quelque chose qui n’avait rien à voir avec mon parcours initial. C’était celui de faire du marketing et de m’occuper des personnes en situation de handicap tout en me disant pendant longtemps : Non, en fait, c’est la solution de facilitée – tu es handicapée, tu t’occupes des handicapés, mais c’est nul. T’es actuellement zéro. C’est très intéressant de revenir sur des croyances, sur cette image qu’on a sur son propre handicap, finalement.
Puisqu’en parlant des autres, je parlais de moi surtout, de ma vision de mon propre handicap.
J’ai mis du temps à comprendre que je m’aidais moi-même. Parce qu’en fait, mon obsession, que j’ai toujours d’ailleurs, c’était qu’on arrête de considérer que le handicap est un sujet caritatif, un sujet social.

En fait, pour moi, depuis le début, être en situation de handicap veut aussi dire être capable autrement. Et donc, on est capable de faire la même chose que les autres, mais avec moins d’énergie, avec un membre en moins, avec un sens en moi, pas avec la même carte que les autres. Et pour moi, c’était une richesse. Et j’essayais de démontrer que non seulement c’était une richesse, mais qu’en plus, elle pouvait être source de performance. Alors évidemment, performance économique, mais aussi performance de l’organisation, l’optimisation et savoir aussi donc faire, pour la majorité des gens. Et donc, ce poste-là a été l’occasion de voir si mon idée était réellement possible et réellement démontrable. Et oui, j’ai eu la réponse.


C’est parce qu’entre temps, il y avait plein de choses qui avaient changé. C’est-à-dire que ce fameux coaching m’avait appris à ressortir cette petite voix, à me connaître et a fait que j’ai demandé pour la première fois, après dix ans d’activité, un aménagement de poste. Alors que j’ai une surdité profonde. Tout le monde entend bien qu’avec ma surdité, il y a un accent. Donc, je n’ai pas un handicap invisible. Et pour autant, ma fierté, mon orgueil n’acceptait pas ce sentiment d’être moins que les autres, donc avec des besoins de compensation. Et en fait, je me suis dit : Bon, ce n’est pas une position de faiblesse, c’est simplement prendre soin de toi. J’ai accepté donc cet aménagement de poste et ça a fait toute la différence. C’est-à-dire que me suis rendue compte que toute l’énergie que je déployais à compenser mon handicap, à récupérer toutes les informations que j’avais loupées par ce plan d’oral, à m’assurer d’être au top du top professionnellement pour que surtout, on ne me reproche pas ma différence.
Le fameux syndrome de la bonne élève. Tout ça, je n’en avais plus besoin. Et le résultat est que j’étais 100 pour cent plus performante, juste avec un aménagement de poste. Mon manageur me disait: Virginie, mais c’est dingue. Comment tu expliques ça ?

Tous les jours, on peut faire bouger les choses.

J’ai commencé ma petite activité de coaching en étant ultra-timide, en en ayant zéro… Comment dire ? Aucun sens du commerce, en ayant ultra peur de me mettre en avant, de me vendre. Il n’y a pas de problème avec l’argent, pour demander à être payé, mais dire: Moi, je suis la super coach. Non. C’est pas que je n’y croyais pas, mais je trouvais ça prétentieux.

En fait, j’ai vécu à peu près le pire du pire du pire qu’un conférencier peut vivre. Pourquoi ? Parce que j’ai eu ma crise d’angoisse un quart d’heure avant de monter sur scène, où j’étais décomposée en larmes, en arrière, je n’y arriverai jamais, ça va être nul. Et puis le public va me jeter des tomates. Il va trouver une feuille à la figure à la fin tellement ça va être nul.

J’arrive sur la scène, je ne vois rien, puisque j’avais les lumières qui m’aveuglaient. Je me disais : Alors là, tu es sourde et tu es aveugle.

Une bonne improvisation est toujours une improvisation à préparer.

Je me suis dit: Eh merde, une occasion en moins d’avoir la paix. Et finalement, ça a été la plus belle chose qui me sois arrivée cette année-là. Parce que derrière, effectivement, ça a fait décoller ma carrière professionnelle. Ça m’a complètement décoincée sur ce fameux complexe que je traînais quand même depuis plus de 20 ans, relative à ma voie, mon accent, le fait qu’on peut être intéressant, même si on est issu de la diversité, même si on ne coche pas la case et même si on a un accent qui nécessite parfois de faire des efforts, pour qu’on me comprenne.
Je me suis dit: Ouah, en fait, merci la vie. Et quand même, c’est la deuxième fois que j’essaie de m’auto-saboter. Qu’est-ce que ça veut dire.

Et c’était un peu ce que j’appelais ma flamme de vie. Le truc hyper primitif, tu ne sais pas pourquoi, mais il ne parle pas très fort. Mais en fait, tu l’entends sans arrêt. À tel point que tu veux le faire faire, il t’empêche de te reformer finalement, au code, à l’éducation que tu as reçue, aux attentes que tu imagines de la part des autres. Et le fait d’avoir fait une dépression quelque part, m’a reconnecté à cette partie hyper intuitive, qui se trompait quand même assez rarement. Je n’ai pas de souvenir de m’être trompée en écoutant mon intuition. Et le résultat a été qu’à partir du moment où j’ai écouté mon intuition, où j’ai osé surtout d’aller jusqu’au bout de ce que mon intuition me guidait.
Franchement, ça a fait une énorme différence dans ma vie. Alors, ça a été compliqué pour les autres parfois de comprendre, de suivre. Mais c’est vrai que j’ai fait un virage, en fait, à 90 degrés, à 280 degrés dans ma vie.

En fait, c’est ça aussi qui m’a permis de me rendre compte que ce sentiment que je pouvais avoir pendant des années de subir, d’être née au mauvais endroit, au mauvais moment, à la mauvaise place. Ce sentiment aussi qu’il y avait des privilégiés et il y avait tous les autres, dont je faisais partie, évidemment. C’était faux. Que c’était possible le fait de vivre autre chose, que c’était possible qui que nous soyons, quel que soit notre passé, de construire un futur, dans lequel on se dit : J’adore ma vie.

La réussite pour moi c’est la liberté et l’équilibre et être moi-même, sans avoir à porter de masque ou de jouer un rôle, de faire plaisir à quelqu’un, alors que c’est tellement contraire à mes valeurs, ma vision des choses et tout ça.

Quand je regarde dans le rétroviseur, je me rends compte que j’ai souvent été pionnière de beaucoup de choses, parce que justement, je me disais: Pourquoi pas moi ?

Un échec, c’est quand je me dis que ce n’est pas la bonne stratégie. Essaye autre chose.

Si tu t’autorises à rêver grand, tu vas t’éclater.

Si j’ai un conseil à donner, c’est : S’il te plaît, n’aie pas peur d’aller explorer ta part d’ombre.

Ta différence est ta force !
J’ai mis du temps à le comprendre ce conseil. Parce que pour moi, c’était ma tare. Alors, j’avais plusieurs tares, mais celle-là, c’était la tare des tares. Et finalement, aujourd’hui, je me rends compte que c’est le plus beau cadeau que la vie ait pu me donner. Parce J’ai toujours eu grâce à lui, j’ai vécu des choses que je n’aurais jamais vécues si je n’étais pas différente. Ça m’a permis aussi, d’une certaine façon, parce que je suis différente, de me libérer d’un certain nombre de choses, parce que paradoxalement, c’est presque une excuse pour les gens de se dire: Oui, elle est différente, donc c’est normal qu’elle fasse des choses différentes. Je trouve ça quand même très drôle. Et puis, il y a cet aspect aussi quand on est en situation de handicap en particulier, on n’a pas d’autre choix que de sortir du cadre, parce que rentrer dans le cadre est trop douloureux pour nous. Donc, ça veut dire qu’à partir du moment où on a compris ça, ça ouvre un espace de créativité, cette image, finalement, d’être pionnier potentiellement de quelque chose et accepter d’une certaine façon ce rapport à prendre la lumière parce que c’est quand même beaucoup plus compliqué de gérer sa peur de réussir que sa peur de le faire.

Je souhaiterais remercier également cet avocat qui, justement, m’a dit: Virginie, ton handicap est ta force. Parce que c’est une phrase qui qui est revenue dans ma tête pendant des années. C’est une phrase qui m’a fait comprendre qu’il y avait un autre chemin possible, une autre manière d’écrire mon histoire, que je n’étais pas déterminée par ce handicap. Elle pouvait être faite d’autre chose qu’un poids qu’une tare et tout ça. Et c’est aussi cette phrase qui m’a fait chaque fois où il y avait des doutes, chaque fois où j’avais l’impression de subir que vraiment jamais je n’allais y arriver. Il me disait : Virginie, il y a quelque chose. Tu as juste à trouver le bon chemin. T’as juste peut-être même à trouver la bonne personne pour t’aider à trouver ce chemin. Et donc, c’est ça qui me redonnait de l’espoir. Il s’appelle Bruno Réveil.

Pour en savoir plus sur Virginie Delalande

Le site de Virgine Delalande

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