110 podcast – Agnès Ledig : Prendre soin : D’agronome à sage-femme à Romancière

Agnès Ledig Podcast

Pour ce dernier épisode avant la rentrée, je suis très heureuse de vous retrouver avec une femme exceptionnelle. J’aime son hypersensibilité, sa douceur, son humour et son optimisme.
Agnès a commencé sa carrière en tant qu’agronome, suite à un bilan de compétences elle reprend ses études pour devenir sage femme. Alors qu’elle commence dans cette nouvelle activité, l’un de ses fils tombe très gravement malade. L’écriture rentre alors dans la vie d’Agnès. Suite à la perte de son fils, Agnès décide d’écrire un roman pour elle et pour les autres. Aujourd’hui, Agnès est l’une des plus grande romancière française. Elle est dans son verbe de vie : Prendre soin.
Je ne vous en dis pas plus, je vous souhaite la bienvenue dans l’univers d’Agnès Ledig dans le podcast Pourquoi pas moi.

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Mon rêve de petite fille : changer le monde

Pour moi, aujourd’hui, changer le monde, c’est prendre la parole à travers mes romans et essayer d’ouvrir les consciences en utilisant mes histoires mes personnages et en prenant la parole aussi publiquement, puisque j’ai cette visibilité publique. J’essaie de plus en plus de le faire parce que ça me semble de plus en plus urgent de changer ce monde qui va un petit peu vers la catastrophe. J’utilise ce métier et cette notoriété pour essayer encore plus d’ouvrir les consciences.

J’ai fait quelques années dans l’agronomie.
J’ai été conseillée laitière. J’ai fait un petit peu de gestion compta agricole, etc. J’ai travaillé pendant trois à quatre ans. Et puis, je sentais que ça ne me convenait pas. Entre temps, on est revenu vivre en Alsace parce qu’on était en Normandie. J’ai fait un bilan de compétences et le bilan de compétences, le monsieur m’a dit très vite « sage femme ». Moi, j’ai dit « non, mais non, pas du tout ». La vue du sang, tout ça, c’est quelque chose qui me faisait peur. Et, en fait, en creusant un petit peu, effectivement, ça correspondait à ce que j’étais. Et donc je suis partie dans ce défi complètement dingue de reprendre des études à 29 ans, surtout des études de sage femme. J’ai réussi le concours et j’ai fait mes quatre années d’études pour être sage femme en 2005.

Il faut ouvrir les portes qui sont fermées à la force de sa volonté et de son désir.

Souvent, on m’a dit « Mais comment tu as fait ? On n’a pas le choix, on y va. On ne se pose pas la question. On ne peut pas faire autrement, donc on avance.

Moi, j’ai toujours été très joyeuse, très joyeuse. Quand c’est arrivé, j’ai senti qu’on me rangeait dans une case qui ne me convenait pas. C’est à dire qu’on me mettait dans la case de la mère qui sera malheureuse toute sa vie, parce qu’elle a perdu son enfant. Et moi, je ne voulais surtout pas ça. Je voulais retrouver la joie de vivre, ne serait ce que pour lui. Je lui ai promis d’être heureuse. Et je ne pouvais pas imaginer continuer une vie sans retrouver la personne que j’étais. Et maintenant, je dis, en fait, survivre pour moi, c’est vivre au dessus, survivre, vivre encore plus, vivre deux fois plus, vivre aussi pour lui.

C’est ça qui m’a poussée à l’écriture. J’avais envie de les prendre par la main et de leur dire « Regardez, regardez, la lumière, elle est là, elle est au bout du tunnel et on a le droit. On a le droit d’être encore heureux.

J’ai rencontré beaucoup de gens qui avaient vécu une épreuve très difficile et qui voyaient la vie avec beaucoup plus de saveurs et avec une capacité à s’émerveiller beaucoup plus forte. Et je me dis c’est dommage que presque on soit obligé d’en passer par là pour voir la vie autrement. Mais j’essaye de transmettre ça en espérant que les gens n’aient pas besoin d’un événement dramatique pour s’émerveiller de la vie.

Il y a tellement de gens qui sont dans une situation qui ne leur convient pas et qui ont très peur du changement, qui ont très peur de mal faire ou qui n’osent pas. Et donc j’essaye de donner ces pistes là en disant, mais allez y, osez, essayez, trompez-vous, mais soyez alignés, soyez en phase avec ce que vous êtes et vos désirs et vos besoins.

J’avais envie de raconter tout ça. Et donc tous les dimanches soirs, je me mettais à mon ordinateur et je l’envoyais par mail ou par courrier. Et quand il est mort, le professeur du service les a lus et il me les a rendus en me disant « Il faut continuer à écrire, vous allez faire du bien aux gens ». Et moi, je m’étais rendue compte que ça me faisait du bien à moi. Tous les dimanches soirs, quand je me mettais à écrire, après, je me sentais mieux parce que j’avais extériorisé ce que j’avais au fond de moi, je l’avais mis en forme, j’avais cherché des mots pour décrire des émotions. Et donc, ça m’avait fait du bien. Et quand il m’a dit ça, je me suis dit « Mais ce qui me fait du bien fait aussi du bien aux autres « 

Proverbe arabe : Ne baisse pas les bras, tu risquerais de le faire deux secondes avant le miracle

C’est ce qui m’a sauvée, en fait. Je pense que c’est parce que j’avais cet arc en ciel dans le cœur que j’ai eu envie de le transmettre et puis de montrer que c’est possible.

Mon verbe de vie, c’est prendre soin.

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Trouver son verbe de vie, c’est trouver ce qui vous fait vibrer, ce qui vous fait avoir envie de vous lever le matin et ce qui donne l’impression d’être vraiment en phase avec ce qu’on est vraiment.

J’ai tendance à dire qu’on a une petite voix à l’intérieur de nous et il faudrait écouter cette petite voix et ça s’appelle l’instinct, je crois. Quand instinctivement, on ne sent pas quelque chose et qu’on le fait quand généralement, ça finit mal. Et quand on ne sent pas quelque chose et qu’on ne le fait pas, souvent, on se rend compte qu’il y avait une bonne raison.

Il y a une phrase de Tchaikov que j’adore qui dit « Soyez juste, le reste viendra de surcroît. ». Et cette phrase, je trouve qu’elle se vérifie en permanence. Quand on est juste avec soi et juste avec les autres, forcément, le reste, les choses arrivent comme elles doivent arriver. Et je pense qu’il y a beaucoup, beaucoup de gens qui sont enfermés dans une absence de justesse, justement, qui ont fait un métier pour faire plaisir à leurs parents, qui ont rencontré quelqu’un et qui pensent être amoureux, mais en fait, ce n’est pas le cas ou qui se sacrifient pour les autres, sans penser à eux.
Et en fait, ils ne sont pas juste avec eux mêmes.

Je pensais que tout le monde fonctionnait comme moi. Quand on en prend conscience, je pense que c’est important parce que ça permet d’en souffrir moins et de le prendre plus comme une chance que comme une tare. Parce que la sensibilité, elle est mise à mal quand même dans nos sociétés. On est un peu taxé de sensiblerie, ce qui est très, très, très négatif comme approche. Je trouve que la sensibilité, c’est une chance formidable. Comme dit Baudelaire, ne méprisez pas la sensibilité. La sensibilité de chacun, c’est son génie.

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J’entendais l’autre jour, Jean Noël Riffel, qui est directeur d’un office français de la biodiversité de je ne sais plus quelle région, qui disait « L’émerveillement est le premier pas vers le respect. » Et je trouve ça très juste. On respecte ce qu’on aime et ce qu’on trouve beau.

La mort fait partie de la vie et plus on en parle, plus elle sera apprivoisable.

Le livre sur l’hypersensibilité : L’équilibre naturel du zèbre: Guide d’épanouissement intégral pour hauts potentiels intellectuels et sensibles – Margerie Véron ici

Les gestes symboliques, ça donne l’impression de ne pas subir la chose de façon passive.

Donner l’envie de faire comme ça des gestes symboliques qui vont les mettre en action et leur donner l’impression qu’ils sont acteurs du lien qu’on peut garder. Il y avait un outil que j’utilisais et que j’utilise encore qui est Arc en ciel d’amour de cœur à cœur et que je donnais à mes patientes, soit quand il y avait une situation de deuil, soit même une séparation, quand la mère reprend le travail et que c’est très, très dur de laisser l’enfant à la nounou ou à une personne qui le garde, quand on est au boulot et qu’on est malheureuse ou malheureux d’être au travail avec son enfant qui n’est pas avec vous, c’est faire une visualisation et imaginer l’amour qu’on a pour lui qui part de notre cœur et qui va vers le sien. Et pourquoi un arc en ciel ? Parce que ça traverse l’horizon, donc ça va aussi loin qu’on veut. C’est coloré et c’est impalpable comme l’amour qu’on a pour son enfant. Et donc envoyer un arc en ciel d’amour de cœur à cœur, ça rend acteur d’une émotion positive face à quelque chose de négatif. Et c’est utilisable par tout le monde dans toutes les situations un petit peu compliquées.

C’est tout un travail d’apprentissage, de s’écouter soi et ses besoins profonds avant d’écouter ses peurs.

Cette notion de « Pourquoi pas moi ? » est fondatrice pour le changement. Et on ne peut être soi, que quand on accepte de changer cette carapace dans laquelle on a été plus ou moins enfermé par les gens extérieurs.

Je pense que très peu sont eux mêmes dès le départ. On est formaté pour entrer dans des moules jusqu’à se rendre compte qu’on n’y est pas heureux. Et donc le changement, cette notion de « pourquoi pas moi ? », elle est fondatrice. J’y ai le droit. On en revient à ce qu’on disait tout à l’heure. J’ai le droit d’être heureuse même si je suis endeuillée. J’ai le droit de j’ai le droit de changer de vie même si j’ai des enfants et que ça va être compliqué. J’ai le droit de réaliser mes rêves même s’ils sont complètement fous. Et ce « Pourquoi pas moi ? », en fait, il répond à l’estime de soi. « Pourquoi pas moi ? », c’est « Je le vaux bien. » Je le vaux bien de partir sur le chemin qui me convient à moi. Donc oui, pourquoi pas moi ?

Rire souvent et sans restriction, s’attirer le respect des gens intelligents et l’affection des enfants, tirer profit des critiques de bonne foi et supporter les trahisons des amis supposés, apprécier la beauté, voir chez les autres ce qu’ils ont de meilleur, laisser derrière soi quelque chose de bon, un enfant en bonne santé, un coin de jardin ou une société en progrès, savoir qu’un être au moins respire mieux parce que vous êtes passé en ce monde. Voilà ce que j’appelle réussir sa vie.
Ralph Waldo Emerson:

Cette capacité d’avoir rebondi au pire me protège aussi de tout le reste. C’est à dire que quoi qu’il arrive, je vais me relever.
C’est ancré dans mon cerveau de façon… C’est un tatouage à vie. Quoi qu’il arrive, comme j’ai affronté ça, je sais que j’y arriverai et je pourrai rebondir.

Mon conseil : Crois en toi et ne te laisse pas démonter par les mauvaises critiques.

Il y a deux phrases vraiment importantes. Là, c’est aussi suite au deuil, c’est un prof de statistique de l’École des sages femmes avec qui j’avais parlé, parce qu’eux avaient perdu un enfant et il m’avait dit « Tu t’en sortiras parce que tu n’as pas le choix. » Et ça, c’était une phrase très forte qui m’a beaucoup, beaucoup, beaucoup aidée. Et la phrase du professeur Lutz qui m’a dit, en me rendant ces bulletins, qui m’a dit « Continuez à écrire, vous allez faire du bien aux gens. » Et ces deux phrases qui, je pense, ont été fondatrices pour mon changement de vie et pour ce « Pourquoi pas moi ? Oui, je vais y arriver parce que je n’ai pas le choix. » Et je pense que je vais faire du bien aux autres parce que mon verbe de vie, c’est prendre soin. » Donc tout collait, tout s’alignait, tout s’organisait. Et aujourd’hui, je suis vraiment heureuse. Je suis heureuse et je suis heureuse de dire que je suis heureuse. Et malgré tout ce qui s’est passé, c’est ça qui est fou. Oui, j’ai perdu un enfant, mais aujourd’hui, je peux dire que je suis heureuse.

Pourquoi pas à toi ? Pourquoi pas à toi ? Tout simplement. Et pourquoi les gens ne se l’autoriseraient pas ? Écouter son cœur, écouter sa petite voix et être juste. Tout le reste suit, le reste vient.

Le livre : Les Diables et des Saints de Jean Baptiste Andréa / L’Equilibre du jardinier de Sue Stuart-Smith

On parle dans le podcast de :

Ornella Dell’Oro
Laurence Adjadj

Pour en savoir plus sur Agnès Ledig

Agnès Ledig sur Instagram

Envie toi aussi de trouver le métier qui a du sens pour toi ? J’ai une invitation à te faire : le bilan de compétences nouvelle génération

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