Dans Pourquoi pas moi, j’interviewe des personnes qui ont écouté leur petite voix, parfois cela passe par un ou plusieurs changement de vie. Aujourd’hui dans ce nouvel épisode du podcast avec Hortense Harang, je suis très heureuse de vous présenter une femme extraordinaire, dont le moteur est l’intérêt général.
Après des études à Sciences Po, un mois en agence, Hortense devient Reporter de guerre, elle enchaîne les rédactions pour accomplir enfin son rêve, rejoindre la BBC. Le métier de journaliste évolue et elle ne s’y retrouve plus, elle change une 1ère fois de métier en rejoignant Havas, puis fonde une 1ère entreprise, par le biais d’une belle rencontre on lui propose un nouveau challenge et redevient salariée. C’est en devenant maman, qu’elle sent que c’est le moment de réaliser un second rêve : créer Wetradelocal puis Fleurs d’ici. Les entreprises ont aujourd’hui 3 ans et sont de très belles success stories. Je ne vous en dis pas plus, bienvenue dans l’univers d’Hortense Harang.
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Depuis le CP, je fais de la gymnastique, j’ai été championne de Paris de gymnastique. Je pense que c’est quelque chose qui m’a donné à la fois la notion de la résilience, cette compréhension que le corps et l’esprit sont intimement liés et qu’il ne faut pas oublier l’un au profit de l’autre.
J’avais été à San Francisco, les investisseurs là-bas, avant de mettre de l’argent dans une boite, te demandent de cocher 3 cases :
– avoir un coach pro,
– avoir un coach sportif
– et avoir un psy.
Je pense que c’est une très bonne triade pour pourvoir faire fasse aux montagnes russes émotionnelles qu’on traverse quand on est entrepreneur. C’est une des meilleure protection car c’est un marathon, ce n’est pas un 100 mètres. Il faut vraiment gérer l’effort dans la durée, c’est faire attention à cet alignement permanent entre le corps et l’esprit.
En France, aller chercher de l’aide c’est reconnu comme un acte de faiblesse. Alors que c’est précisément quand ça va bien qu’il faut aller chercher de l’aide.
Le jour où j’ai dit à ma tante (Marie Béjot, fondatrice d’Oenobiol) que je comptais me lancer dans cette aventure, elle m’a dit » ouhlala, No pain No Gain !”.
Je ne pourrai pas dire que je n’aurai pas été prévenue…
Les vrais difficultés sont justement celles que l’on n’identifie pas tout seul. D’où l’importance de se faire coacher pour pouvoir justement pointer les choses qu’on ne voit même pas. C’est une question que je me pose tous les jours : comment on voit ce qu’on ne voit pas ? Comment on s’équipe pour voir des choses qu’on n’a pas envie de voir, ou qu’on ne peut pas voir ?
Je voulais être reporter de guerre, mais ça c’est arrivé un peu après, pas à 6 ans. Et je l’ai fait ! C’était ça mon but dans la vie : travailler pour la BBC et d’aller sur des théâtres d’opérations.
C’est être assis au 1er rang de l’histoire.
Il y a une mission d’intérêt général qui me parle, et je pense que c’est un peu le fil rouge de tout ce que j’ai fait dans ma vie : l’intérêt général. C’est vraiment mon moteur. Je faisais déjà de la politique comme ça et j’en fais toujours un peu aujourd’hui à travers un biais différent, mais ce qui m’anime n’a pas changé.
– Je pars lundi en Afghanistan est-ce que tu veux venir.
– Ok !
Là je vais voir mon patron, ça ne faisait même pas un mois que j’étais dans l’agence en question. Je lui dit : écoute voilà je vais partir en Afghanistan. Et il me regarde et me dit, ah bon, et bien je te garde ton poste ouvert. Pas de problème.
C’est toujours un alignement d’étoiles. Après, oui c’est vrai qu’on peut choisir de se placer sous l’alignement ou pas.
Quand je suis rentrée à la BBC, j’avais une très haute opinion de ce à quoi servait cette institution. J’avais vraiment l’impression d’être au service d’une idée extraordinaire, qui était l’éducation des adultes.
Mon frère, est prof et moi j’étais donc journaliste, et d’une certaine façon on s’était un peu réparti la tâche : lui les enfants, moi les grands.L’ambition c’était de générer de la connaissance, de leur permettre de mieux comprendre le monde. Et malheureusement, il y a eu un tournant dans les médias. La surface à remplacer la profondeur.
Je ne me reconnaissais plus dans ce métier, pour lequel j’avais trop de respect.
Je me souviendrai toute ma vie, de ce moment où j’ai atterri à l’aéroport militaire de Villacoublay avec des cercueils à côté, il était 4h du mat. Il y avait mes parents, mes frères et soeurs et tout ça… et je me souviens de la tête qu’ils faisaient. A ce moment là, je me suis dit : tu as le droit, toi de faire ce que tu veux, mais en fait c’est dégueulasse de faire porter ça sur les autres. Il y a des gens qui sont attachés à toi, et donc tes choix les impactent et il faut aussi prendre ça en compte. Ce n’est pas eux qui m’ont empêché, ce n’est pas le sujet. Mais, j’ai compris à ce moment là ce que ça pouvait générer sur d’autres gens. Les répercussions que ça pouvaient avoir sur d’autres vies, des choix qu’on fait pour soi. Je me suis dit, qu’ils ne méritaient pas ça : vivre dans l’inquiétude.
Effectivement, j’ai eu très peur mais il y a un moment, c’est au-delà de la peur. Vous n’avez tellement pas de références sur ce que vous êtes en train de vivre que c’est une émotion qui ne correspond même pas à ce qu’on pourrait appeler de la peur. Ça ne se compare à rien d’autres, quand vous vous retrouvez pris entre des feux croisés de lance roquettes multiples, ce qui a été mon cas. En fait ça dépasse tellement l’entendement, et le cadre de ce à quoi on a été exposé. C’est autre chose.
Ça me sert énormément aujourd’hui, sur cette idée de la résilience. Je ne suis pas revenue de l’enfer, mais je sais quelle tête ça a à peu près. Un peu de loin, mais quand même. Au pire quoi ? Est-ce que je vais mourir en faisant ce que je fais aujourd’hui ? Mais non, évidemment que je ne vais pas mourir.
J’ai eu l’opportunité de tutoyer la mort de suffisamment de près pour avoir une forme de recul, pas tous les jours, parfois, je me laisse saisir, ça m’angoisse, etc… mais globalement, je pense que j’ai une forme de détachement assez salutaire parce que je sais que je ne vais pas cesser de respirer.
Notre moto, chez Fleurs d’ici, c’est en se plantant qu’on devient cultivé. Il ne faut pas avoir peur de tomber, tout ça n’est pas grave. Personne ne va mourir. On ne fait pas de la chirurgie à cerveau ouvert, on engage pas notre propre vie. Donc tout va bien !
“Tomber c’est un aveux de faiblesse”, mais n’importe quoi ! On a une idée du succès, comme une ligne linéaire ascendante, alors que le process est beaucoup plus complexe
Il ne faut pas avoir peur de tomber, et au contraire. L’apprentissage il est là. De toutes les façons, on tombe tous. A un moment ou à un autre, professionnellement, personnellement… Des accidents de la vie : que ça soit la santé, ou autre chose. Autant y être préparé. On développe une forme de souplesse en tombant, si vous tombez la 1ère fois quand vous avez 50 ans, vous allez vous casser le col du fémur. Alors que si vous tombez tous les jours un peu, finalement ce n’est pas très grave.
C’était très dure, parce que j’ai changé de métier et que personne ne m’a accompagné.
Quand les gens arrivent chez Fleurs d’ici, pendant 1 mois ½, il y a une phase de déconstruction, ils ont l’impression de ne rien savoir faire, d’être totalement inefficace et c’est ultra inconfortable.Et moi c’est ce sentiment que j’ai eu. J’étais reconnue dans mon métier, j’avais déjà quelques galons accrochés à mon épaule, et là je changeais complètement. Donc C’était hyper raide, d’avoir l’impression de ne pouvoir servir à rien, de ne pas être compétente, de ne pas comprendre à quoi je jouais. Donc très très inconfortable.
Mais en vérité, je pense qu’il n’y a pas d’autres façons de faire. A l’époque, j’en voulais beaucoup à mon employeur. A nouveau, on peut avoir des guides, mais c’est un chemin très personnel. S’autoriser à ne pas être productif, le temps de l’adaptation. Si l’entreprise ne vous le demande pas, quel est le problème ? Mais c’est moi qui me disait que c’était inadmissible.
Etre autonome c’est très compliqué, car ça veut dire que vous portez la responsabilité de tout ce que vous faites. En bien, mais aussi quand ça ne va pas bien, en pas bien. Et il y a plein de gens à qui cela ne convient pas. Qui ne veulent pas avoir ce genre de responsabilité.
Notre objectif, c’est ni plus ni moins de repenser le commerce pour y mettre plus de sens. De questionner la globalisation, pour voir si elle ne peut pas être remplacée par du local et des circuits courts, mais à très grande échelle. C’est un chantier qui est massif. Ne regarde pas le haut de la montagne, regarde le prochain virage. C’est essentiel de se fixer des objectifs qui soient atteignables.
Je fais partie d’une race un peu bizarre, de gens qui n’ont pas besoin d’avoir des objectifs et de les atteindre. Moi je poursuis une idée. C’est pas très commun, en tout cas dans le monde de l’entrepreneuriat. C’est ce qui me permet d’être assez « amen » avec moi même, je ne suis pas dans une exigence de succès, de réalisation d’objectifs. L’objectif est tellement énorme, que j’en ai pour une vie, voire de plusieurs vies.
L’entrepreneuriat, je pense que c’est quelque chose qui me convient bien. Cet objectif, d’intérêt général, ça a toujours été mon moteur. Je pense que là j’ai trouvé un bon challenge qui va m’occuper pendant un bon moment : remettre du sens dans le commerce mondial, je pense que l’objectif il est bien. La mission et le sens de ce que je fais, il est là. Je me sens très alignée avec ce que je fais.
Ça faisait depuis 2010, que j’ai commencé à réfléchir à ce projet. En me disant, un jour je ferai ça. J’ai toujours saoulé tous mes potes, en disant vous verrez un jour je vais faire ça.
J’ai eu un enfant, qui a été assez malade. Mon congé maternité a été assez prolongé. Et je me suis dit, je ne vais pas retourner bosser, c’est quoi le sens de la vie ? J’avais réussi à faire venir Michelle Obama, je pense que j’avais bien tout coché, toutes les cases. Ok, rentrer retourner bosser et laisser ton fils à la crèche, qui manifestement ne va pas très bien et aller bosser pour aller gagner de l’argent, parce que la mission elle était déjà accomplie ?
C’est pas simple, des filles qui font des fleurs… La plupart des new players qui sont sur ce marché ce sont des hommes. Les investisseurs ne les suspectent pas de faire ça par passion, de faire une crise de la quarantaine, je vais tout plaquer et je vais devenir fleuriste. Non ! Personne, ne se dit ça d’un homme.
Et en plus, deux nanas, dans le monde de l’impact et en plus on fait de l’insertion.
C’est trop beau pour être vrai ! Ça fait genre : non mais vous êtes dans le monde associatif, vous n’êtes pas dans le monde économique. Alors que pour nous les deux allaient de paire. On est “for good, for money”. On est là pour à la fois avoir un impact sur la société, transformer une filière pour la rendre plus vertueuse et à la fois le faire à grande échelle. Et c’est pour ça que ça gagne de l’argent.
Il y a plein de gens qui pensent que soit tu gagnes de l’argent et tu salopes la planète, tu salopes les hommes, soit tu fais un petit projet dans ta cuisine.
La plus grande difficulté, c’est d’attirer des talents, de savoir s’entourer.
Je pense que j’ai eu de la chance, mais c’est une forme d’intuition de se placer sous l’alignement des étoiles, déjà de savoir où il est.
Et se dire, tiens si je fais un pas de côté, peut être que la chance elle va tomber.
Mais effectivement, c’est l’alliance des deux.
Thomas Rebaud (Meero) il disait ce truc génial : « Faut pas que l’ambition elle soit limitée par le comment je vais faire ». Faut juste raconter ce qu’on a envie de faire. Moi, ce que j’ai envie de faire, c’est de transformer le commerce mondial. Maintenant je le dis.
Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. Oscar Wilde
La vie est suffisamment faite de plein d’obstacles et péripéties. On peut au moins s’autoriser à se dire Ok. En vrai de vrai, qu’est-ce que j’ai envie de faire ? Le combat que je suis entrain de mener, si je l’upgrade à fond, si je l’emmène au maximum, qu’est-ce que ça donne ? C’est quoi l’ambition ?
Si tu prends l’idée et que tu la maximises à fond. Qu’est-ce que c’est ?
Faire comprendre que cette idée du local, n’est pas un truc de perché, de rêveur. C’est accessible, c’est possible. Grâce à la tech aujourd’hui on peut faire du multi-local. Ce n’est pas du tout une idée.
C’est en se plantant qu’on devient cultivé, que c’est pas grave de se tromper. Couplé avec une forme d’ambition. C’est les deux, c’est vraiment ce truc : essaye, fais ce que tu veux, mais en même temps, donne toi les moyens.
Découvrez l’objet qu’Hortense Harang a choisi pour se présenter dans l’épisode du podcast
Dans chacun de mes invités du podcast, je leur demande de venir avec un objet qui les représente. Hortense Harang a choisi son vélo électrique, prénommé Bucéphale.
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