Comme je vous le disais la semaine dernière, aujourd’hui j’accueil derrière mon micro une femme extraordinaire. Une très très belle rencontre. Nos échanges sur Linkedin m’ont énormément touché et ému. Aujourd’hui c’est un épisode un petit peu particulier de Pourquoi pas moi où nous allons parler de sujet d’une très grande profondeur. Claire a l’habitude des interviews mais c’est la 1ère fois qu’elle se livre son histoire personnelle de cette façon. Un grand merci Claire Mougenot – fondatrice de Luz Collection pour son témoignage dans le podcast et pour sa confiance. Vous verrez la petite voix et Pourquoi pas moi, n’auront jamais fait autant sens que dans le récit de Claire.
Claire n’a pas changé de vie, car elle a créé la magnifique marque Luz Collection à sa sortie de l’EDHEC. Très avant-gardiste car lancer une marque de mode éco-responsable en 2012 était loin d’être dans la mouvance. Claire va nous parler d’un pourquoi pas moi tout autre qui la guide aujourd’hui et d’une épreuve forte qu’elle a vécu en tant que femme. Je ne vous en dis pas plus, je vous souhaite la bienvenue dans l’univers de Claire Mougenot dans le podcast.
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Je tourne un peu en rond, je me sens un peu étriquée dans mon monde.
Il y a 12 ans le bio et l’équitable, c’était comme la révolution, tout le monde me regarde en me disant : mais qu’est-ce que c’est que ce truc un peu de hippie. Mais à la limite why not, sachant que j’étais tout sauf une hippie.
Ce pays, m’a donné comme cette petite voix, de me dire Pourquoi pas moi et pourquoi, je ne pose pas aussi cette question, qui est tout de même assez importante.
L’Argentine avait commencé à poser des petites graines sur : commence à te poser les bonnes questions. Ce n’est pas parce que tu as 23 ans, que tu n’as pas le droit de te poser des questions que parfois on se pose trop tard, ou qu’on se pose quand quelque chose nous ralentit. J’ai eu cette voix là, mais je ne voulais pas rentrer en France.
Dans la vie, il faut savoir être heureux et rigoureux. L’un ne va pas sans l’autre.
Ma petite voix, elle me dit qu’il y a un truc qui va m’arriver, mais je ne sais pas trop quoi.
Je termine mes études, je suis diplômée de l’Edhec, là c’est le moment où il faut que je commence à penser à un travail. J’ai 2 choses en tête :
– Qu’est-ce que je veux faire de ma vie ? Je suis persuadée, que je veux faire un truc écologique, parce que c’est l’expérience que j’ai eu pendant 1 an et parce que je suis une convaincue de nature, je suis une convaincue qu’il faut faire changer les choses. Je suis convaincue que je veux faire quelque chose dans l’écologie, mais c’est vrai que l’alimentaire, j’ai trouvé ça top, mais je ne viens pas de l’alimentaire. Il faut donc toujours trouver quelque chose qui a un lien avec ce que l’on sait faire. Comme je suis parisienne et que j’avais une grande sensibilité à la mode. Il faut que j’allie l’écologie et la mode. Pourquoi la mode n’est pas écologique ? Je ne comprends pas, les gens continueront toujours à s’habiller.
J’ai cette idée de faire une mode durable et éthique, ça m’a porté jusqu’à aujourd’hui.
J’avais aussi d’autres interrogations plus humaine.
Ce n’est pas le tout de trouver un boulot, un mari ou un petit copain, ou un appart. C’est très important de trouver un tout. Je crois que j’avais une espèce de maturité, à cet âge là. A 23 ans, j’avais cette conviction au fond de moi, qu’il fallait que je trouve un ancrage, très profond, qui allait me permettre de m’apporter toutes les réponses et de me sauver de toutes les situations. Le fait d’être loin de ma famille, loin de mes proches, loin de mon milieu me faisait du bien. Ca va paraître bizarre ce que je dis, mais je me sentais me rapprocher d’une force supérieure.
Tout cela aujourd’hui, cela paraît hyper classique. Mais il y a 12 ans, ça ne l’était pas du tout. C’est vrai que ma famille, quand je leur racontais mes trucs et ce que je faisais, entre bon : je vais créer une marque durable éthique et écologique et je vais dans les églises, je fais du yoga et de la méditation, les gens disaient un peu “on la perd”’.
Pour moi en France, tout ce qui est pèlerinage, c’est les gens qui sont très très croyants. Je ne me mettais pas du tout dans ce moule là. Comme dans tout dans la vie, quand on nous dit plusieurs fois une chose, ou que plusieurs personnes nous disent la même chose. Ça veut dire probablement quelque chose. Et moi, j’y crois. C’est un peu le pari de Pascal, tu n’as rien à perdre et tu auras peut-être tout à y gagner.
Je pense qu’à côté de chez soi, il peut t’arriver des trucs de dingue. Je pense que c’est juste que tu es prédisposé, est-ce que tu es ouvert ? Comme tout dans la vie, est-ce que tu accueilles une nouveauté, un nouveau message ?Je crois que les miracles, sont au bout de notre rue.
Finalement, je m’embarque dans cette idée, qui me parait un peu farfelue. Mais, je ne le dis à personne. Comme souvent quand on fait des choses, qu’on ne sait pas trop pourquoi on les fait, on ne dit pas aux gens ce qu’on fait.
Je suis transpercée par un truc, entre la peur et le truc écoute Claire, c’est toi qui l’a cherché, tu as fait les 33 h de car, on t’avait dit qu’il y avait un truc spé qui se passait. Tu y es ! Moi, dans ma tête, je me dis dans mon for intérieur… Ce qui doit se passer, doit se passer.
Je rentre à Buenos Aires, je me dis, mais qu’est-ce qui m’est arrivé ? Mais vraiment, je me dis, ok il faut que je devienne bonne soeur tout de suite, pour moi c’est une évidence. Mais moi aller dans les ordres, pas du tout, ce n’est pas du tout mon truc. J’ai comme une sorte de culpabilité, je me dis on ne provoque pas ces choses là, on ne peut pas s’amuser avec ça.
Je m’en veux, je suis hyper mal, je n’en parle à personne. Je suis complètement déboussolée, et en fait mon avenir ce n’est pas du tout de créer Luz, qu’est-ce que tu crois ma pauvre vieille, c’est que tu fasses un truc beaucoup plus profond, beaucoup plus intense, et que tu changes radicalement ta vie. Arrête de sortir, arrête d’avoir une vie basique et normale. On vient de t’appeler, pour un truc beaucoup plus profond. C’est très compliqué, je me dis plus profond quoi ? où ? quand ? comment ?
Je reste très seule chez moi, j’ai comme honte un peu de moi. Au bout de 2 mois, je vais finalement parler à un copain argentin. Et qui me dit cette phrase : Claire, respire. Le fait d’être en Argentine tu te poses plein de questions et c’est normal. On est tous appelé et il me dit et pourquoi pas toi ? Tu es appelée à avoir exactement la même vie, qu’avant ton expérience. C’est juste que maintenant tu sais et maintenant tu as eu cet espèce de truc qui est une force en toi et qui va t’aider probablement. Et témoigne de ce que tu as vécu. Et surtout il me dit, et pourquoi pas toi ? J’avais 23 ans, j’en ai 35. Le nombre de personnes à qui j’ai parlé de cette expérience, se compte sur les doigts de la main. Et en fait, quand tu m’as contacté avec le pourquoi pas moi, ça a fait raisonner ce truc. De ce que je me suis dit, pourquoi est-ce que je ne témoigne pas sur ce truc que j’ai quand même énormément gardé pour moi ?Quand j’en parle aux gens, il y a une espèce de gène.
En lisant le dernier bouquin de Thibault de Montaigu, je me suis dit il faut tous témoigner des choses qui nous sont arrivées.
Cette expérience, et cette foi m’ont permis de me relever. Avec du recul, c’est comme si ça m’était arrivé pour me permettre d’affronter ce qui allait m’arriver ensuite.
Comme on ne sait pas ce qui va nous arriver, je me rends compte que c’est tellement important, au-delà de son projet professionnel, d’être ancré avec soi-même et d’être ancré avec les gens qu’on aime et de témoigner de nos expériences. Je crois que tout ce qui nous est arrivé, sert à témoigner. Le bon et le moins bon.
Ce qui m’a vraiment frappé, c’est que dans ton pourquoi pas moi, on a tous des vies extraordinaires. C’est nous qui nous donnons les moyens, d’avoir les vies que nous souhaitons avoir. Dans le pourquoi pas moi, on est tous appelé à avoir des belles vies. Et on aura tous des épreuves, et on aura tous des complications. Aujourd’hui, dans mon entourage, je suis de plus en plus entourée de personnes qui ont vécu des histoires rocambolesque Dans le burn out, il y a cette espèce d’abîme : qui suis-je, où vais-je, pourquoi ? Quand ça t’arrive, tu es rempli de vide.
Est-ce que tu es bien avec toi-même ? Est-ce que tu es ancrée ? Est-ce que tu sais ce que tu fais sur la terre ?Est-ce que tu sais ce que tu fais actuellement, c’est juste ? Quand il y a une tempête, il faut l’accueillir, elle fait partie de nous. Malheureusement, c’est comme ça, ça nous forme aussi. La vie nous prend des choses, et elle nous en redonne aussi. On ne sait pas combien de temps, on est sur cette terre, mais le temps qu’on y est, essayons tous de faire avancer la machine positivement.
C’est pour ça que ma marque s’appelle Luz, qui veut dire lumière en espagnol. La marque est née de ce combo de cette expérience mystique que j’ai vécu en Argentine et de mes convictions écologiques. Ma marque aujourd’hui, a 10 ans, et c’est la 1ère fois que je parle de cette expérience. Ce que je me suis donc mis comme objectif, pour ces prochaines années, c’est comment je vais réussir à apporter dans ma marque, ou dans mes projets professionnels à apporter ce message que j’ai eu. A lier les 2 ensemble. Pour pouvoir témoigner de cet ensemble que j’ai expérimenté.
On doit parler de nos convictions spirituelles qui nous portent. Moi, elles m’ont sauvé 1001 fois.
Dans la douleur et la souffrance profonde, il y a une sorte de renaissance.
Les expériences, il ne faut pas les rejeter. Il faut parler, parce que ça aide les autres.
Si toi tu es positive, tu seras toujours la lumière de quelqu’un. Il y a cette conviction, que j’ai toujours eu que nous sommes des êtres de lumière. Le goût du malheur je l’ai un peu, j’accepte ce qui arrive, mais je sais comment le retransformer. Je me dis aujourd’hui tu as des pensées positives.
Tu es une des marches de la pente que je remonte. Témoigner de ça, ça me donne un côté positif : Claire, accepte toi comme un tout.
Moi quand on m’a dit sort de cette mauvaise passe, sort de cette mauvaise passe, … je ne sortais pas. Mais le jour où je suis sortie c’est parce que tous les gens m’avaient dit « sort de cette mauvaise passe » que je l’ai fait. Et c’est pour tous les témoignages, tous les gens que j’ai rencontré un par un, qui m’ont donné la force de pousser au fond de la piscine et sortir la tête de l’eau. Et je l’ai sorti.
C’est comme un burn-out, on a honte, on en parle pas, on croit que ça n’arrive à personne d’autre que nous. Et comme j’étais une entêtée, en disant mais non tout se passera très bien. J’avais comme ce truc de dire je ne pouvais pas dire que j’ai échoué. Comme tout le monde, me pointait du doigt en disant, ah lala, mais Claire elle a fait ceci. Il y avait une blague qui était de dire, tu as fait une Claire, ça voulait dire, tu as eu un enfant au bout d’1 mois.
On ne peut pas se retrouver dans une relation amoureuse qui ne soit pas respectueuse, on ne peut pas se faire insulter, on ne peut pas être malheureuse, on ne peut pas rester enfermée entre 4 murs, et on ne peut surtout pas se faire taper dessus, ou de se faire molester. Et si la moindre personne à ce genre de relation, c’est déjà trop grave. Nous étions allés voir une psychologue au début, qui nous avait dit vous êtes un couple beaucoup trop passionnel et toxique. Pour sauver mon fils, j’ai mis trop d’amour dedans. Mon expérience mystique, m’a fait croire que j’allais réussir à puiser la force. Ce que j’ai appris dans cette expérience familiale qui est la plus dure pour une femme, c’est que je m’étais trompée de chemin. Le chemin, ce n’est pas parce qu’il nous est arrivé quelque chose qu’on est une warrior et on arrivera à toujours tout. C’est comprendre que la vie, nous offre plein de cadeau, mon fils Romane, en est un, l’expérience mystique que j’ai vécu, en est un, et il y aura plein d’autres choses qui ne sont pas des cadeaux. Ce que je me dis dans ma petite voix, c’est maintenant Claire tu as 35 ans, tu es grande, tu as compris, qu’il ne faut pas se mettre non plus dans tous les chemins et que tu ne vas pas évangéliser de ta lumière, tous ceux que tu croises. Non, il y a des gens qui n’en ont pas envie, il y a tous ceux qui ne partagent pas tes convictions, cela tu les laisses de côté. Occupe toi aussi, de tes proches, de toi. Ancre toi et ensuite, accepte tes échecs.
Aujourd’hui, le fait d’avoir imposé des règles, des limites, appris à dire non, compris que dans la vie il ne faut pas être tout blanc ou tout noir, qu’il faut être juste et être juste, c’est être aligné. C’est ça qui créait l’équilibre de tout le monde. Au moment où la situation ne va pas, il faut savoir s’en sortir. C’est là où l’humain est bizarre. C’est comme quand une voiture te fonce dessus, l’être humain à tendance à rester bloquer. Quand la vague t’arrive dessus, tu ne bouges pas. Le truc s’aggrave.
Moi quand on me dit merci, ça me remplit le coeur de bonheur.
La petite fille de 6 ans…
Elle me dirait, oh lala , tu nous en as fait vivre des aventures. D’un côté ça ne m’étonne pas de toi et je suis fière de la femme que tu es entrain de devenir.
Je voulais changer les choses. Changer ce n’est pas que faire des trucs que les gens doivent voir, c’est au fond de soi. Qui j’ai aidé, à qui j’ai parlé ? Car c’est ça qui va nous rester au finish.
(Avec ma soeur) On mesure aujourd’hui, quand on a un problème, ça reste un problème de boite. Tant que personne n’est menacé ou est à l’hôpital, on est heureuse.
Choisir c’est renoncer. J’ai renoncé à mon image idyllique familial et à plein d’ambitions professionnelles que je m’étais fixée pour Luz. Au bout d’1 an, je fais 1 million de CA… C’est pas tant le chiffre d’affaires qui compte, c’est d’être bien dans ma vie de maman, entrepreneuse et d’être à ma juste place.
Au pire ça plante, ça plante. Choisir c’est renoncer ! J’ai choisi ma place, et je suis ravie de la place que l’univers me donne actuellement.
Ma plus grande peur, c’est de devoir licencier les personnes qui travaillent pour nous. En même temps, quand il faut s’arrêter, il faut s’arrêter. Quand je m’entends parler, j’ai l’impression d’être sage, alors que je passe mon temps a être méga stressée. Donc je me fais marrer moi-même de ce que je raconte. Ce que je dis, c’est… ce que je dois m’imposer, ce que j’essaye de m’imposer.
Dans ma marque, je veux apporter de la lumière, que les gens se sentent bien habillés en Luz, dans une mode durable.
A chaque fois qu’on fait un pas en avant de façon sincère, c’est bien accueilli.
Je suis fière de tous les gens qui ont vécu un paquet d’emmerdes et qui sont juste heureux.
Celui qui me pose la question a de la chance aussi, il suffit qu’il s’en rende compte.
L’univers est en éternelle évolution. La chance tu la provoques aussi et tu la saisies. Parce qu’il y a plein de bonheur devant nous, dont on ne se rend même pas compte. Et ensuite, les obstacles tu ne les contournes pas tu les acceptes et tu les transformes en chance.
C’est se sentir aligné… c’est ça la réussite. C’est de me dire que j’ai tout fait comme je pouvais.
J’aurai aimé qu’on me dise. Tu trouveras toujours en toi la réponse. Oui tu vas vraiment en chier, tu vas pleurer et à ce moment là dit toi que c’est juste après que la lumière arrive. C’est ça que j’aurai aimé qu’on me dise. Quand quelqu’un me dit, je n’en peux plus, je leur dis tiens bon, c’est la fin. Le pire c’est la fin, quand tu es au bout du tunnel. C’est comme l’accouchement.
Aussi compliqué que ça soit, le moment où c’est le plus dure, après ça ira mieux.
Tous les jours quand je viens au bureau, c’est un bonheur de voir ma soeur, je me sens tellement alignée. Tellement privilégiée.
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