
Aujourd’hui, je vous propose un épisode très spécial du podcast Pourquoi pas moi sur le burnout avec le Dr Marine Crest.
J’ai eu la chance d’interviewer le Dr Marine Crest, médecin généraliste, psychologue, spécialiste du microbiote… et surtout profondément engagée sur le sujet du burn-out. Marine parle en connaissance de cause : elle a elle-même traversé cette épreuve.
Cet échange précieux a été initialement offert en exclusivité aux membres de mon programme « Rebondir après un burnout », et nous avons décidé, avec Marine, de le rendre accessible à toutes et tous.
Dans cet épisode, elle nous éclaire avec bienveillance et expertise sur :
- ce qui peut mener à un burn-out,
- quand et comment se remettre en mouvement,
- quoi faire dès les premières semaines d’arrêt,
- comment l’entourage peut soutenir au mieux,
- les outils pour éviter la rechute,
- et bien plus encore.
Elle nous parle aussi de son association Guérir en mer, née de son propre parcours. Que tu sois en plein burn-out, ou simplement concerné.e de près ou de loin, cet épisode est une mine d’or.
Pour écouter l’épisode de podcast avec Marine Crest sur SPOTIFY DEEZER APPLE PODCASTS YOUTUBE et ici ☟
Dans cet épisode :
- Pourquoi dit-on que notre ventre est notre 2e cerveau ?
- A partir de quand se remettre en mouvement, suite à un burnout ?
- Qu’est-ce qui amène à un burnout ?
- A partir de quand on peut reprendre une activité ?
- Que faire le 1er mois suite à l’arrêt pour burnout ?
- Qu’est-ce qu’une (personne) ressource ?
- Qu’est-ce qui apaise ?
- Un conseil pour l’entourage d’une personne en burnout ?
- Des outils pour la personne en burn-out
- Un outil pour éviter la rechute ?
- Quels sont les indicateurs à surveiller pour voir si on n’est pas en rechute ?
- Un mot sur son association : Guérir en mer
Il faut comprendre que le tube digestif, un peu comme la peau, ce qu’on voit à l’extérieur, c’est la paroi intérieure qui permet à la fois d’absorber, de nourrir nos cellules, mais aussi d’éliminer et d’évacuer toutes les déchets et les toxines qu’on peut y faire rentrer. Et en fait, cette paroisse est altérée, elle va souffrir et du coup elle va créer une inflammation qu’on ne voit pas forcément à l’œil nu, mais qui va forcément à un moment se manifester par des symptômes qui peuvent être très différents en fonction des gens. Et, et c’est là en fait que nous, on intervient parce que sur cette paroi vivent les milliards de bactéries. Il faut savoir qu’il y a plus de bactéries dans ton tube digestif que d’humains sur la planète, et que chacune de ces bactéries est un être vivant qui a donc un génome comme le nôtre et donc qui s’exprime. Et donc, si on ne lui apporte pas les bonnes choses, ben elle va exprimer son mécontentement. On ne répond pas à son besoin et créer de l’inflammation qui cette inflammation va elle même donner des maladies.
Pourquoi le deuxième cerveau ? Parce qu’il y aurait plus de connexions en fait, entre notre tube digestif et surtout ces bactéries et notre cerveau que dans notre cerveau lui même. Et comme ce sont des êtres vivants, elles communiquent entre elles et avec nous. Et donc on se rend compte que nous, ce qu’on envoie comme émotion au niveau de la psyché, au niveau cérébral et neuronal, va avoir une incidence sur notre tube digestif et vice versa. Et donc c’est très intéressant d’essayer de comprendre cette globalité. On ne peut pas mettre d’un côté le cerveau et de l’autre côté l’intestin. Tout comme on ne peut pas mettre tout ce qui est anatomique et psychique le corps et l’âme. On est une belle unité et tout et tout est lié.
Le burn-out…
En général, on ne s’y attend pas alors que finalement on sait qu’on aurait pu s’y attendre.Qu’est ce qui amène à pour toi au burn out ?
Voilà, donc je pense que c’est très très multifactoriel. Au départ, il y a la personnalité, la prédisposition. Alors, qu’est ce qui est de l’inné et de l’acquis ? Mais génétique, familiale, environnementale, personnelle, intrinsèque à chacun ? Et puis après, il y a tout ce qui se passe autour, donc l’environnement, l’histoire de vie.Et pour toi, à partir de quand on peut reprendre une activité ? À partir du moment où on est arrêté, où vraiment on est consumé et on n’en peut plus ?
Alors c’est difficile comme question, parce que ça dépend vraiment de chacun. Je pense que la le mot qui va avec la reprise de l’activité, c’est adapté.Je dirais que il est urgent de ne pas se remettre à réfléchir parce que la réflexion, tout ce qui va être très mentale, va parfois empêcher le fait de pouvoir rebondir et. Je dirais que, au lieu de réfléchir, il y a beaucoup de temps d’écoute et de mettre en place des actions.
Quand les patientes ou les patients qui viennent, je leur dis mais en fait, vous vous êtes déjà mis en arrêt maladie. Première réaction ils se mettent à pleurer. Ils pleuraient déjà avant, mais ils ne se rendaient pas compte qu’ils pleuraient. Et puis quand je leur dis, ils se mettent à pleurer et là ils se rendent compte qu’ils pleurent. Et en fait, c’est assez intéressant de travailler avec eux. Pourquoi ils se mettent à pleurer ? Parce qu’ils sont en arrêt maladie et donc il y a du déni. Non, pas moi, Ça ne peut pas m’arriver à moi. Pourquoi moi ? Mais pourquoi et pourquoi et pourquoi et pourquoi ? Et là, en fait, on voit que c’est le cerveau en fait, qui n’est pas le cerveau reptilien, qui est le cerveau qui se met à réfléchir et essaie de comprendre parce que échec, parce que mon dieu, comment ça va se passer ? J’ai pas fini mes dossiers au travail, ils ne peuvent pas se passer de moi. Comment ça ?
Donc là on travaille sur tout ça qui est indispensable. Qu’est-Ce qui est indispensable ? On essaie de remettre les choses à leur place. Relativiser. C’est compliqué de relativiser pour quelqu’un qui fait un burn-out à ce moment là. Mais l’idée c’est un petit peu ça, c’est de prendre du recul et qu’ils prennent conscience en fait de l’état dans lequel ils sont, qui tout de suite va être identifié par eux par un échec. J’ai pas réussi, je n’y arrive pas, J’avais un objectif.Qu’est ce que je fais déjà maintenant ? C’est à dire que dire que je ne vais pas aller travailler et dire à mon travail, dire à mes enfants si on en a. Dire à son conjoint ou sa conjointe si on en a deux, là, en fait ça s’arrête et ça s’arrête parce que un médecin ou quelqu’un me l’a imposé entre guillemets, parce que même moi je n’ai pas pu prendre conscience de l’état dans lequel j’étais. Et ça s’arrête. C’est gros, vide et en fait c’est des personnalités qui ne supportent pas le vide et donc c’est la chute dans le vide. Et ça ils disent tous pareil. Enfin moi je pense que c’était pareil, c’était les premiers jours. Mon dieu mais quelle horreur, quelle angoisse, quel infini, quel doute, quelle catastrophe ! Et puis après, il y a une sorte d’apaisement, c’est à dire que ça déconnecte complètement, il y a un relâchement total. Donc il y a une phase quand même de de sommeil, de ralentissement, d’hibernation. Et après ils disent tous ah non, mais heureusement, heureusement, parce que c’est là que je me suis rendu compte en fait que j’étais avez atteint une limite qui aurait pu être fatale.
La personne ressource :
Moi je dirais que celle qui aide vraiment, c’est celle qui va être dans l’acceptation et la tolérance absolue. C’est à dire que le non-jugement, mais pour pouvoir être sûr que quelqu’un en face de vous ne vous juge pas. Il faut avoir une confiance absolue.La plus grosse difficulté aujourd’hui, c’est d’essayer de se faire reconnaître dans son statut d’arrêt maladie, dans son entourage, chez elle, chez ses parents. Parce que vous comprenez que maintenant qu’elle ne travaille plus. Elle a le temps. Elle a le temps de faire les problèmes de tout ce qui est de gérer la maison. Et puis elle ne va pas passer ses journées à rien faire quand même, faut pas déconner. Et ça c’est dramatique.
Le quand est ce que tu reviens au travail est souvent la question. Elle est posée le jour où elles partent. Donc elles sont même pas encore partie ou la personne n’est même pas encore partie qu’on lui demande de revenir. Comme si en fait, on fait croire que chacun est indispensable à la fois dans l’accomplissement des tâches professionnelles et dans la présence au sein d’une équipe, etc. Donc ça peut être interprété justement par les personnes qui font des burn out comme quelque chose de valorisant. Ils ont besoin de moi, donc je ne peux pas partir et vite, il faut que je revienne. Et ça, c’est forcément que ça met une pression. Il faut arriver à s’en dégager.
Et c’est justement de leur apprendre à rester à l’écoute de ça et y répondre. Mais je suis à l’écoute, je suis en hyper vigilance permanente, je suis à l’écoute de tout ce qui se passe autour de moi mais sauf de moi même. Et ça, c’est très souvent considéré comme étant de l’égoïsme chez ces personnes là. Moi je travaille beaucoup sur la notion de l‘altruisme vs de l’égoïsme et on arrive à faire certaines choses.
Ça fait partie de beaucoup de de deuils en fait, qu’on a à faire quand on est confronté à un burn out. Il y a des Tes utopies. Deuil du fantasme d’être super wonder woman, tout, tout tout. Le super truc qu’on peut tous faire.
Et parfois ce sont des deuils de relations.Il y a une exigence envers les autres. C’est d’accord, mais une exigence envers soi qui est complètement démesurée, mais qui répond à un besoin inassouvi de reconnaissance.
Il y a bien un pédiatre parisien absolument incroyable, complètement hors norme, hors champ de tout. Quand il partait en vacances, son message sur son répondeur, c’était le médecin ménage sa monture. Et je trouvais que c’était incroyable parce que c’était exactement ça. C’était Je prends soin de moi parce que sinon, je ne pourrai pas continuer à cavaler toute la journée. Mais j’aurais aimé qu’on me dise ça. On me dit on est là, c’est pas grave, c’est pas grave si tu n’y vas pas, prends soin de toi.
Reste instinctif ! En fait, tu sais qu’il y a un truc qui ne va pas, à un moment tu le sais et tu luttes. Donc arrête de lutter, arrête de lutter, arrête de lutter. Et oui, ça va avoir des conséquences. C’est encore oui et oui il va y avoir des déceptions. Et oui tu as peur et oui parce que tout ça c’est mélangé. C’est une chaîne en fait qui s’active de j’ai peur, j’ai mal, je suis triste, enfin je ne vais pas y arriver. Et on tourne et on tourne et on tourne. Mais mais oui, mais parce que de toute façon, et ça, vraiment, c’est un conseil, c’est et je le dis beaucoup, je le répète aux gens qui viennent me voir d’ailleurs, parfois même pas pour ça. En fait. Il y a des motifs de consultation et ils repartent avec un arrêt maladie pour burn out alors qu’ils pensaient qu’ils allaient régler un problème de mycose sur un ongle.
De toute façon, si ce n’est pas maintenant que tu dis oui à tout ça, ça va revenir.
Donc à un moment faut y aller et il faut peut être un petit peu de courage mais. Mais parfois il y a un événement, une situation, une personne qui va aider à déclencher ce courage et puis après on y va.
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