Podcast 65 – Père Barthélemy : prêtre à 18 ans, psychologue à 40 ans

Père Barthélemy

Depuis le début du podcast, j’ai l’envie d’avoir derrière mon micro des hommes et femmes de foi. Quand j’ai reçu cet été un message d’Augustin Paluel Marmont me suggérant le profil d’un de ces amis prêtres. J’ai sauté sur l’occasion. Un grand merci Augustin pour la communauté de Pourquoi pas moi et pour moi également, car j’ai fait une magnifique rencontre grâce à toi.
Que vous soyez catholique ou non écoutez cet épisode, vous allez découvrir le parcours d’un homme incroyable.
C’est à 18 ans qu’il a découvert sa vocation, 9 mois après il rentre dans les ordres, mais alors qu’il se pose de plus en plus de questions sur son choix et ses renoncements, le père Barthélemy décide de tout arrêter et part seul en Inde. Suite à ce voyage, sa vocation revient et quelques années après il devient prêtre. Suite à un événement dans sa vie, je vous laisse écouter l’épisode pour savoir ce que c’est, il décide de reprendre ces études pour devenir psychologue. Allez, je ne vous en dis pas plus plus, je vous souhaite la bienvenue dans l’univers du père Barthélemy.

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Quand j’étais vraiment enfant, à 7 / 8 ans, je rêvais d’être acteur – adolescent j’ai voulu être officier militaire.

Quand on me demandait de raconter ma vocation il y a vingt ans, où il y a dix ans, où il y a cinq ans, j’insistais beaucoup sur la dimension de conversion. Je noircissais un peu le tableau.
Aujourd’hui, je vois plutôt la cohérence intérieure progressive qui m’a conduit à ça. J’insiste moins sur la rupture et plus sur la continuité.

On ne peut pas complètement rendre compte ni d’un choix amoureux, ni d’une vocation.

La rencontre avec ce prêtre, sa façon de vivre. J’ai eu la perception du fait qu’on pouvait être heureux comme prêtre.

Avant la rencontre de ce prêtre. Je ne m’étais jamais dit quand je serai grand, je serai prêtre. Pendant mon lycée, je m’imaginais d’avantage marié et je faisais tout pour.

Je pense que les rencontres qui comptent dans notre vie sont toutes des rencontres de gens habités. Et j’ai eu la chance d’avoir une vie jalonnée de rencontres, de gens habités qui m’ont façonné, où j’ai l’impression d’avoir pris une petite part d’eux. Et au fond, je suis la collection de tous ces « moi ».

Je pense aussi, c’est un peu comme un début de relation amoureuse. Quand on n’est pas complètement sûr de son choix. On ne clame pas c’est l’homme de ma vie, je vais me me marier avec lui.

Ce qui me frappe et que j’ai du mal encore à analyser aujourd’hui, c’est que mes parents m’ont laissé partir.

C’était un peu une forme de descente, c’est à dire qu’après la dimension extrêmement forte, plus j’avançais, plus je prenais conscience de la réalité du choix que je posais.

Mes amis, quand je leur ai dit ça, ils ne me croyaient pas. [21:36]
J’ai quelques quelques amis scouts, mais c’est surtout tout le reste de mes potes qui n’étaient pas cathos et donc ils n’ont absolument pas vu venir le truc.

Ils s’attendaient à ce que ce soit un peu un feu de paille. Et qu’ensuite, je rentre dans les rangs normaux de la fac.

Assez rapidement, j’ai senti un décalage. D’un côté, je me sentais à ma place parce que c’était la découverte d’un monde spirituel que j’avais pressenti et que je ne connaissais pas. Et puis, il y a en même temps beaucoup de peurs. Qui n’étaient pas forcément conscientes au point de départ. Mais qui étaient la peur de me dire est-ce que je ne me suis pas trompé. Est-ce qu’un jour je ne regretterai pas de pas avoir d’enfant ? Est-ce qu’un jour, je ne regretterai pas de ne pas avoir une vie professionnelle ?…

Au départ, j’ai un peu refoulé toutes ces questions là, parce que parce que j’avais peur qu’elle me vole ce coup de foudre que j’avais et qu’elle m’empêche de me réaliser. La seule chose, c’est que l’on ne peut pas se construire sur du refoulement. A un moment, ça remonte et quand ça remonte, il faut accepter d’accepter ses tiraillements, ses conflits internes.

Cette conviction à Calcutta, elle a été aussi burinée par plusieurs années passées, par ces conflits internes, par la conviction que ce bonheur, ce n’est pas un ciel sans nuage, qu’il y a une construction progressive, mais qu’il est possible. C’est un bonheur plus mûri.

Une crise, c’est un moment où on est en dissonance. Tu vas avoir besoin de retrouver ta tonalité, ta voix / ta voie et peut-être même les deux.

Je me prends ce décrochage en pleine figure, pendant dix ans, tu te formes, tu as envie d’apporter la bonne nouvelle. Et là, tu te rends compte quand tu apportes la bonne nouvelle à quelques personnes qui y croient encore et qui ont plus 70 ans que 25 ans. Ça a été un peu dure.

Dans les dix premières années de ma vie religieuse entre 18 ans et 28 ans. La question de savoir « Est ce que je suis à ma place ? » a été vraiment difficile avec des moments où je vivais le deuil du mariage, le deuil des enfants, tout ça a été vraiment quelque chose de compliqué. Depuis que je suis ordonné prêtre, je me sens heureux comme prêtre.

J’ai trouvé que le job du prêtre aujourd’hui était sacrément dur parce qu’on n’est pas attendu.

On a un super produit dans l’Église catholique, c’est l’Évangile, mais vraiment un super produit. Ça fait deux mille ans que la parole de Jésus inspire des gens et continue d’inspirer qu’elle est, qu’elle est révolutionnaire et qu’elle garde une forme de fraîcheur et de modernité. Mais on a un vrai problème de packaging.

On peut renoncer à des choses à partir du moment où on est fécond. Mais si tu ne touches plus la fécondité, à quoi ça sert de faire des renoncements ?

Est-ce que je ne suis pas un dinosaure en voie d’extinction ? Parfois, je me le dis. Après le derniers des Mohicans, on pourrait faire un film : le dernier prêtre.

Dans les moments où il a fallu que j’écoute ma petite voix, il y a eu le moment de ma vocation, il y a eu le moment où j’ai accepté de prendre le risque de quitter la vie religieuse pour aller me questionner et retrouver ma vibration et ma voie. Et puis, j’ai quand même eu ces dernières années une confrontation avec la société qui n’a pas été une crise de foi, qui n’a pas été une crise par rapport à ma vocation, mais qui a été une authentique crise qui est la prise de conscience des abus sexuels dans l’Église et qui a été un bouleversement terrible.

Cette passion pour l’humain je la retrouve dans la psychologie. Elle était à la base de ma vocation.

J’avais très peur du regard des gens. J’avais peur d’être un peu catégorisé, peut-être même de la discrimination. La psychologie et la religion, ça ne va quand même pas ensemble.

Soit tu vas voir le psy, soit tu vas voir le prêtre. Ça ne cohabite pas.
Moi, je suis persuadé qu’il faudra faire un pont et je suis persuadé que l’Eglise, aujourd’hui, a vraiment besoin de la psychologie comme un complément de formation.

Dans la vie monastique, il y a cette volonté de montrer que tu as un changement de vie, qui se manifeste par un changement de prénom.

Au début, je racontais ma vocation comme une rupture. Aujourd’hui, je la manifeste davantage comme une continuité.

Quand je suis arrivé à la fac, j’ai senti que j’étais à ma place.
J’étais à ma place parce que j’apprenais des choses qui m’apportent des réponses à des questions que je me pose depuis plusieurs années sur : qu’est ce qui peut conduire une personne à mettre sous emprise ? une personne à accepter d’être sous emprise? Comment éviter ? Comment permettre d’avoir une meilleure formation ?

Il nous manque quelque chose dans la formation initiale, qui est plutôt du niveau de l’humain.

Un jour je reçois un texto de Gad Elmaleh qui me dit, j’aimerai bien échanger avec un prêtre. Au départ, je pense que c’est un fake news.

Je disais à Gad, tu fais les mêmes blagues tous les soirs, mais c’est un public qui est différent. Moi, j’ai le même public, tout le temps, donc pour le fidéliser, c’est quand même sacrément plus dur. Donc mon job, il est beaucoup plus difficile. Ça l’a fait marrer.

La messe c’est l’anti instantané. Donc comment tu fais pour rendre attractif un truc qui est à l’antipode des codes qui répondent à la stimulation, aux émotions, aux sensations ?

La parole en public ce n’est pas une science c’est un art.

Et ce qui m’a frappé, c’est de voir que dans les conseils qui sont donnés dans ces applications pour rentrer dans la méditation, tu retrouves 80% – 90% chez sainte Thérèse d’Avila, Sainte Thérèse de Lisieux. Parce que ça parle de la présence à soi. Ça parle du rapport à son corps, ça parle de la respiration, ça parle de l’ouverture à l’intériorité.

Ca m’arrive de dire à des paroissiens, tu as du mal avec la prière ? Commence par Petit Bambou, commence par retrouver le sens de la méditation.

Il n’y a pas de vie sans deuil, mais le deuil permet aussi à la vie de se manifester autrement.

Le regret c’est un deuil que tu n’as pas fait.

J’ai peur de ne pas bien utiliser mon temps, de ne pas aller à l’essentiel.

Je suis très fier de ses études de psychologie, d’avoir eu le courage de faire ce projet qui me tenait à coeur, au delà des incompréhensions. Le jour où je recevrai le diplôme de psychologue avec ce côté atypique de prêtre psychologue, je pense que je serais très fier.

La chance ne s’attend pas, elle se créé.

Conseil : N’ayez pas peur.

Le dernier livre que j’ai lu, qui était bouleversant, c’est Delphine Horvilleur « Vivre avec nos morts ».

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