132 podcast – Eric Mesnier : De secouriste de haute montage à la construction passive et auteur & conférencier

Eric Mesnier

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir un homme au grand cœur avec un parcours hors du commun dans le podcast : Eric Mesnier.
Éric va passer 18 ans dans les pelotons de gendarmerie de haute montagne. Après avoir perdu une dizaine d’amis en très peu de temps, il s’est dit qu’il voulait voir grandir ses enfants et qu’il avait fait sa part en tant que secouriste.

Parce qu’il avait besoin de faire ces deuils, il se lance dans un magnifique projet : construire sa maison de A à Z alors qu’il n’avait aucune compétence en la matière.
Ce pied dans la construction l’amène à une reconversion totale où il devient commercial dans le BTP.
Il s’épanouissait pleinement dans ce nouveau métier, jusqu’à ce que l’entreprise où il travaillait soit vendue. Il décide alors de partir pour continuer à exercer ce métier à son compte, afin de retrouver du sens et d’utiliser ses talents.
Aujourd’hui, Éric est chef d’entreprise, auteur et conférencier professionnel.
Je vous souhaite la bienvenue dans l’univers d’Éric Mesnier.

Pour écouter l’épisode de podcast avec Eric Mesnier
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Dans cet épisode de podcast avec Eric Mesnier, découvrez :

Eric nous partage :
– Comment il est devenu secouriste de haute montagne
– Pourquoi et comment il s’est reconverti dans le bâtiment et les maisons passives

Nous avons également parlé :
– Affronter ses peurs
– Transformer l’impossible en un-possible

Et justement, ta tête, elle était où ? C’était quoi tes rêves ?
C’était de sauver des gens. C’était de monter dans un hélicoptère sans parler d’argent, sans parler de différences de personnes, sans parler de prise de risque que les gens ont pris, sans jugement, sans rien, mais juste aller chercher des gens qui étaient vraiment dans un mauvais environnement, dans un mauvais pas. Il est tiré de ce mauvais pas avec une équipe.

On a fait à peu près 15, 16 déménagements parce qu’il a été blessé, donc il a fallu qu’on parte deux, trois fois. Donc, j’étais le globe trotteur de l’adolescence Du coup, ça m’a permis de développer le côté proximité. C’est-à-dire qu’au début, je me suis dit: Si je reste là pendant un an et demi, deux ans comme les autres fois et que je parle à personne et que j’attends qu’on vienne me voir, ça va être difficile. Je vais encore être la dernière roue de la charrette. Et puis je n’aurais pas d’affinités avec les gens, ça va être compliqué. Du coup, j’ai été obligé de développer un peu le côté où j’allais voir les gens, j’allais voir les autres. Et puis, j’ai baigné dans plein de sports différents et ça m’a permis de développer aussi cette capacité-là. Et après, j’ai fini trois ans au lycée militaire à Aix en Provence parce que j’avais passé un concours à la fin de la troisième pour une stabilité scolaire aussi, parce que ce n’était pas évident de changer sans arrêt et de rattraper un peu les cours qu’on avait vus dans un autre sens.

Plus tu t’entraînes, plus tu es dans une équipe soudée, moins tu vas vers la fuite et le déni, et plus tu vas vers une action ciblée et recommandée. Mais tous, on a du stress. Moi, je me suis retrouvé pendant des années de mission où tu pars un peu en vacances, tu fais des stages pendant quatre, cinq mois, tu reviens pas, tu ouvres la porte, tu regardes en bas. Pardon pour les auditeurs, mais putain, qu’est-ce que je fous là ? Et rapidement, tu es obligé, la tête qui tourne, tu dis: Mais c’est… Et là, tu te rappelles qu’on vient te donner une mission parce qu’il y a quelqu’un qui vient de se faire mal et là, tu rebascules.

Mais bien sûr qu’on a du stress, du stress positif et il faut trouver les moyens pour que ça reste du stress positif.

Moi, mon utilité, elle n’était pas à l’escadron, même si j’avais ma place, mais mon utilité, elle était dans un hélicoptère, vraiment, sauver la vie des gens, en tout cas, intégrer cette équipe qui veut aller faire ça. Et ça, c’était le sens de toute ma vie. Et quand tu as un sens, il faut pouvoir le défendre, de manière très diplomate. Ça s’est toujours très bien passé, mais il faut aussi avoir le bénéfice risque. Tu l’as dans tes missions de secours, mais de temps en temps, tu l’as dans tes prises de décisions, quand tu changes de vie, quand tu te réorientes, quand tu montes une société, une entreprise, quand tu décides de te battre bec et ongles pour un projet et que tu sais que tu peux perdre beaucoup derrière, il faut le faire, parce que ça en vaut la peine.

Quand on sait d’où l’on vient et que l’on sait où l’on va, la part de l’inconnu au milieu est acceptable.
C’est-à-dire que si tu ne sais pas qui tu es et que tu ne sais pas vraiment où tu vas, tu crées un fossé et tu vas te noyer dedans. Et tu ne vas jamais faire le premier pas et tu ne vas jamais vouloir initier du mouvement. Fais le point sur toi, sache qui tu es, d’où tu pars, d’où tu viens et regarde où tu veux vraiment aller, fais un bilan de compétences, regarde ce qui a du sens pour toi, tu vas réduire tous les facteurs inconnus. Tu en auras peut-être un ou deux. Mais est-ce que c’est bien grave ? Là, le bénéfice risque, il va vraiment basculer dans un gros bénéfice et tu vas prendre le temps de faire le pas.

Il y a tous les autres qui disent que ça ne sera jamais fait pour ça parce que c’est trop dur et que tu n’y arriveras jamais. Moi, j’aime beaucoup quand on me dit ça. Je suis devenu un vrai compétiteur, un vrai challenger. À chaque fois qu’on me dit que c’est impossible, du coup, maintenant, je souris et je le vois toujours, je visualise le un-possible. Et du coup, je me dis OK, c’est impossible.

Il y a un moment donné, il faut savoir ce que l’on veut dans la vie. Et ça, c’est le why de Simon Sinek. J’ai adoré. Oui. Et à un moment donné, il y a ce que tu ne veux plus. Et je pense qu’on est tous différents dans la vie, mais quand tu as passé une année très, très difficile à aller récupérer pas mal de personnes décédées en montagne, que tu as eu moins de parts de chances d’avoir des personnes sur lesquelles tu pouvais encore faire quelque chose et tu pouvais les aider à vivre, mais que tu étais plutôt du mauvais côté à ce moment-là, tu commences à douter, tu commences à penser qu’il y a un mauvais karma pour toi. Et puis, pendant 14 mois, j’ai eu malheureusement 17 personnes qui sont décédées autour de moi. Quand tu as 40, 42 ans, que tu enterres des gens de ton âge pour les pratiques de montagne, un crash d’hélicoptère dans les Pyrénées avec quatre personnes à bord qui sont décédées. Et puis cette personne-là, Lionel, tu étais au téléphone à 8h30 au téléphone parce qu’il devait venir avec son groupe de musique pour mon pot de départ et qu’à 11h30, on t’appelle parce qu’on te dira qu’il ne pourra plus jamais t’appeler et que tu fais cette fois le porte-cercueille en tenue de tes amis.

À un moment donné, tu te demandes si tu n’es pas égoïste dans la vie. Si cette passion, si le secours, si tout ça, c’est top. C’est un vrai rendement personnel, c’est une vraie satisfaction interne. Tu es là où il faut. Mais quand tu commences à avoir le doute, il n’y en a plus. Il n’y a plus de doute. Quand tu regardes tes enfants, tu te dis que tu aimerais quand même bien les voir grandir, que tu n’as pas envie de rallonger une liste qui est déjà bien longue et que tu as envie d’être grand-père, tu as envie d’amener ta fille à l’hôtel, tu as envie de vivre plein de choses et que la vie, c’est peut-être autre chose. En tout cas, tu as fait ta quote part pour le secours, pour l’engagement, pour plein de choses. Mais ce n’est pas grave, tu peux passer à autre chose. La vie, elle est faite comme ça et c’est cool, c’est chouette. Tu prends conscience d’eux et à force d’enterrer les copains, à de côtoyer la mort, tu as envie de croquer dans la vie.

C’est impossible qu’un secouriste de haute montagne qui ne connaisse rien en commerce ni au bâtiment finisse là-dedans. Du coup, j’ai fait une reconversion et je suis parti dans le commerce et dans les maisons passives.

Et ça, tu as développé pas un don ni un talent. Tu as développé une capacité mentale parce que tous les jours, tu t’es entraîné à faire ça.

Si je ne m’éclate pas et que je n’ai pas de sens, je m’en vais.

Si tu ne prends pas de plaisir à ce moment-là et que tu ne le fêtes pas, ce n’est pas bien. Ton corps, il n’a plus envie d’aller en chercher. Par contre, quand tu as fini et que tu es posé et que tu regardes l’avenir et tu dis: OK, c’est quoi le prochain ? Next. C’est quoi le prochain palier ? Parce que si tu t’arrêtes là, tu vas descendre, tu vas dégringoler et tu vas tomber dans une spirale qui n’est pas intéressante. Soit, tu changes de sport, soit, tu changes d’entreprise, soit, tu changes de challenge, soit, tu changes de… Mais il faut t’en fixer un autre. Chaque fois que tu te fixes un objectif, il faut qu’il soit difficile, mais atteignable. Il ne faut pas protéger ton égo. Et ça, c’est important. D’avoir tout mis en œuvre pour aller chercher ce que tu voulais le plus profondément dans ta vie, mais en intelligence. C’est quoi pour faire la réussite ? Mais en intelligence. Je veux gagner l’euro million, mais ça, ce n’est pas ce que je veux le plus. C’est juste parce que c’est un rêve et que Si ça m’arrive, je ne serais pas pour en faire.

Une réussite, c’est d’avoir matérialisé ce que tu voulais, qui avait du sens et tout le chemin et le cheminement que tu veux, tu vas y faire. La réussite, c’était de rentrer en PGHM et d’y être resté déjà assez longtemps, mais ce n’était pas pour l’intégrer, c’était parce que le parcours a été beau, parce qu’il a eu ces périodes de doute, parce que je le raconte dans le livre, c’est très difficile, c’est quatre ans, cinq ans de préparation. C’est des choses que tu vois très souvent au quotidien, qui ne donne plus envie d’être là, mais sur quoi je peux me baser.
La réussite, elle est de rester au PGHM, elle n’est même pas d’y rentrer, elle est d’y rester assez longtemps et de le vivre et d’être utile à l’intérieur. Pas utile à soi, mais utile aux autres. Ça, c’est une vraie réussite.

Un échec
Je n’aime pas ce mot. Je dis toujours que c’est une demi-réussite. Pourquoi ? À partir du moment où tu as initié une stratégie avec un objectif, que tu as tout fait pour y arriver, il y a un moment à un moment donné, il y a un grain de sable. Il va falloir prendre en compte et il va falloir prendre du recul et que tu fasses un débriefing, un feedback de pourquoi, à un moment donné, il y a eu ce grain de sable.

À quel moment, dans ton avis, tu t’es dit pourquoi pas moi ?
Pourquoi pas moi ? Pourquoi pas les autres ? Pourquoi pas moi ? J’ai deux bras, deux jambes. J’ai un cerveau, j’ai une capacité qui est ce qu’elle est. Je ne suis pas le plus intelligent, mais en tout cas, j’ai des facultés d’analyse différentes et il y en a d’autres qui auront une méthodologie différente et c’est top. Pourquoi pas moi ? En plus, même, j’y vais encore plus loin, il y a des fois, je me dis que ce n’est peut-être pas pour moi.
Et puis, comme je n’ai pas ce côté challenge, je ne rebondis pas forcément. Le pire du pire, je crois que quand je me dis pourquoi pas moi, c’est quand les gens me disent surtout pas vous. Ça, j’adore. Je fais partie des gens, si tu me dis ça, tu ne pourras pas le faire. Même mes enfants, ils me le disent à chaque fois. À chaque fois qu’on fait un événement, on se retrouve des fois dans des situations avec des challenges et puis les gens me disent: Ça, tu ne pourras pas le faire. Et là, mes gamins me regardent et me font: Non, ce n’est pas vrai, ils lui ont mis une pièce. Pourquoi pas moi ? Pourquoi les autres ? Et pourquoi pas moi ? Mais ça, c’est le côté challenger. Le pourquoi pas moi, c’est: il va venir surtout quand tu as vraiment envie de le faire, quand ça a du sens et que tu sens que tu vas être utile à amener une plus-value à l’intérieur. T’as le droit de te poser la question si toi, tu veux pas faire partie de cette aventure, en tout cas pour les autres et un peu pour toi quand même.

Le petit Eric de 6 ans, je pense qu’il dirait: Tu t’es donné les moyens d’avoir la vie que tu voulais. Il y en a qui veulent rêver leur vie et d’autres qui vivent leur rêve.

Renoncer, ce n’est pas échouer. C’est de se donner l’opportunité de rebondir ailleurs dans un autre temps, avec plus d’alignement et plus de capacité à être encore plus performant et d’amener encore plus de plus-value. C’est se respecter aussi des fois.

Le conseil : n’accorde pas ta confiance trop vite aux gens.

Le meilleur conseil qu’on m’ai donné : faire ce que j’avais envie de faire et que j’étais le seul écrivain, le seul auteur de mon livre de vie.

Un livre : Les conquérants de l’inutile

Il y a beaucoup d’études aussi qui montrent que le cerveau, plus tu le mets dans un effort physique, dans une zone où il va se sentir bien, le vélo, la marche, juste se balader, lire un petit bouquin avec un moment, de manière neurologique, le sport favorise beaucoup toute cette partie cognitive et ça libère les hormones. Et ce sont des hormones de bien-être. Et du coup, tu vas Ton cerveau a envie et favorise l’intelligence à ce moment-là et les idées. Ça, c’est top.

Avancer, aller chercher la zone d’après. C’est ce qu’on appelle une zone d’apprentissage. Et on ne peut pas sortir de sa zone de confort si on n’a pas envie d’apprendre et on ne peut pas augmenter ses capacités, son envie, on ne peut pas augmenter ses ressentis parce que c’est une somme d’expérience. Si on ne conserve que la zone limite dans laquelle on est, c’est un peu comme le confinement. Si tu n’as pas le droit de sortir à plus d’un kilomètre, tu as toujours envie d’aller regarder ce qui se passe à côté. Mais si tu restes là au bout d’un moment, pendant trois, quatre ans, vraiment, tu vas devenir fou, parce que tu vas tout connaître par cœur et ton cerveau, il va être limité. Par contre, n’hésite pas à sortir. Ce sont des phases où, comme quand tu vas au ski au début, au début, tu skies, tu tombes, tu skis, tu tombes. Ça s’appelle l’expérience. L’expérience, c’est savoir tomber, savoir de tirer le positif de ses échecs, de ses chutes, de ses gamelles. Et dans la vie, c’est un peu pareil. Et à un moment donné, l’expertise, c’est de ne plus tomber. Et quand tu es expert et que tu deviens un moniteur de ski, de temps en temps, tu tombes encore.
Mais ça, on ne le dit jamais. Et puis, je ne le dirai jamais dans un podcast. Mais ça, c’est important. Dans la vie, si tu veux t’éclater, si tu veux vivre pleinement ce que tu as à vivre, si tu veux aussi te reconvertir, aller chercher plein de métiers différents, être agile dans ta vie, si tu veux de l’agilité dans ta vie, il faut que tu crées du mouvement. Si tu ne crées pas du mouvement et si tu ne vas pas en chercher, si tu ne vas pas dans ces zones d’apprentissage qui ne sont de temps en temps pas simples, prendre des claques, tomber, ça ne fait plaisir à personne. Mais l’important, ce n’est pas la chute. Et ce n’est pas comme dans la haine, le film, c’est l’atterrissage, c’est comment on va se relever. Et là, on rentre dans une deuxième partie plus spirituelle derrière. On rentre dans la part de résilience, on rentre dans sur quoi je vais m’appuyer pour rebondir, comment je serai plus performant la prochaine fois où je continuerai à marcher, à faire du vélo, à skier et comment je vais pouvoir augmenter mes capacités à chaque fois. Mais si on sort pas de cette zone, on peut pas acquérir cette capacité, cette zone d’apprentissage.
Et elle est fondamentale. Plus tu apprends, plus tu te développes, Plus tu deviens fort intellectuellement, mentalement, plus tu peux t’éclater dans ta vie, plus tu sais ce que tu veux, plus tu découvres. Et on revient en boucle sur ce que tu disais tout à l’heure. À partir du moment où on se connaît parfaitement et la zone d’apprentissage, c’est encore mieux se connaître, plus on se connaît, plus on apprend sur soi, plus on s’ouvre un horizon avec des objectifs différents. Et du coup, on a envie d’y aller, on a envie de foncer. Et c’est peut-être juste ça aussi la vie. C’est notre vie et c’est la vie qu’il faut mettre en commun avec les gens qui nous entourent.

Pour en savoir plus sur Eric Mesnier

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Le livre d’Eric « Secours en montagne« 

On parle de Caroline Leflour et Annabelle Brouhant

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