Rediffusion #32 Podcast – Dorothée Barth : du journalisme au One-Woman Show à co-fondatrice de Jho

dorothée barth podcast

Cela fait plusieurs mois que je rêve d’interviewer Dorothée Barth dans le podcast, mais son début d’année a été plus que chargée avec la clôture de levée de fonds à 2 millions d’euros et son associée en congés maternité. Dorothée fait partie de ces femmes qui clairement m’impressionne.

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Allez, revenons-en à Dorothée. Dorothée a fait Science Po Lyon, est partie pendant près de 2 ans en mission humanitaire à Madagascar, voyage qui a changé sa vie. Quand elle revient en France, elle devient Chroniqueuse sur France 5. Pour différentes raisons que Dorothée Barth nous raconte dans l’épisode du podcast, elle quitte le journalisme et monte son one-woman show qui va faire un carton. Suite à ces 18 mois sur scène, Dorothée devient entrepreneuse et co-fonde la très belle marque de tampons en coton bio Jho qui cartonne. Bref, attendez-vous à un épisode plein de rebondissements avec beaucoup d’humour, où nous avons donc beaucoup ri et même un peu pleuré.
Bienvenue dans l’univers de Dorothée Barth dans le podcast.

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Les meilleures citations du podcast

J’avais des velléités d’être comédienne. C’est arrivé très très petite et aussi réalisatrice. J’étais dingue de cinéma, à 6 ans je rêvais d’être actrice et d’incarner des personnages.

Quelles études j’allais faire ? Je me pose encore la question, parce que c’est un truc où je me dis, comment je me suis retrouvée là au final ? Parce que c’était peut-être pas ce que j’avais dans le coeur. C’est bizarre, parce que ce que j’avais dans le coeur, c’était quand même plus de la création et en fait j’étais bonne à l’école. Je ne savais pas ce que je voulais faire. En 2nde, j’ai déménagé à Tours et il y avait une 2nde L3, c’était réalisation audiovisuelle. Et je me suis dit “Wahoo, c’est ce que je veux faire depuis toujours”. Je m’amusais avec la caméscope de mon père, je réalisais des petits films. Ma mère est allée m’inscrire et là on lui a dit, c’est dommage qu’elle fasse L3 parce qu’elle a un bon niveau, il vaut mieux qu’elle fasse une filière normale avec des maths, mais moi je déteste les maths. Mais bon, j’avais un bon niveau. Bref. Le côté artistique, c’était un peu le truc, sous-catégorie.

J’avais un bon niveau, mais je ne suis pas une bosseuse.

C’était hyper intéressant intellectuellement, mais ce n’est pas ce que j’avais dans le coeur.

Tu veux un peu plaire aux parents, donc tu y vas. Sciences Po ça sonnait bien.

Tu es tout de même vachement influencé par le milieu dans lequel tu grandis. Pour moi, Sciences Po Lyon, moi qui venais de Saint Lo, wahoo je n’avais pas cet entourage là. Pour moi, c’était déjà vachement bien.

J’ai découvert, que ce n’est pas avec la diplomatie que j’allais découvrir le monde.

J’ai commencé à faire ce truc, d’avoir beaucoup de culot. Une espèce de mélange d’inconscience et complètement désinhibée.

C’était au moment, dans la guerre des Balkans et on m’a dit, tu vas chercher quelqu’un qui est en train de vivre sur le front… En fait, j’étais tout de suite dans le truc et j’ai trouvé ça extraordinaire. Et j’ai appelé mes parents, je me souviens, en disant j’ai trouvé ma voie, je veux être journaliste. J’envisageais la vie à cette époque là comme une succession de pochettes surprises.

La réalité c’est tout de même que si tu as fait une école de journalisme avec un bon réseau, c’est quand même beaucoup plus simple. Mais bon dans ma tête ce n’était pas comme ça. Pour moi, il n’y avait pas de frein à ce moment là. Donc j’ai dit à mes parents, il faudrait faire une école de journalisme, pour me spécialiser encore 2 ans et là ils m’ont dit, tu es gentille mais là tu te démerdes. Je me suis dit ce n’est pas grave, je vais rentrer par la fenêtre, je vais me démerder.

Dans ma famille assez catho, les femmes sont à la maison et si elles trouvent un bon mari, ça va. Je pense que j’avais cette culture là en tête de quoiqu’il arrive, il y a celui de mon mec. Donc pas de pression. Mais la pression personnelle de cartonner, là où j’avais choisi de travailler. Donc il fallait que je devienne une journaliste dans un gros titre à Paris.

On s’est dit, tous les deux la vie qu’on a là, c’est celle qu’on va avoir surement pendant les 10 prochaines années, avec les mêmes potes. Et j’avais cet envie, ça me brûlait de découvrir le monde. Je lui disais, je voudrai partir et faire cette parenthèse en dehors du système pendant 1 an. Je l’ai convaincu.

On arrivait dans ce collège-lycée pour faire des cours en français. Sébastien : cours de maths, et moi c’était anglais et histoire-géo. J’ai fait des projets avec des femmes de brousse, qui voulait aider leurs enfants aux devoirs.

C’est difficile à expliquer. Il y a un côté ancien combattant, on arrive à se comprendre avec les gens qui ont fait la même chose. C’était incroyable humainement et à la fois très dure.
Je pense que ça a un peu forgé toute notre vie cette expérience à Madagascar. Aujourd’hui ça restera toujours en nous.

Moi c’était quitter le journalisme, alors que les places sont super chères, pour faire ça. Mais on a dit que la priorité c’était nous.

Deux ans plus tard, j’étais enceinte de 3 mois, on avait en possession ce qu’on nous avait offert sur notre liste de mariage.

Moi j’étais enceinte, je me disais je vais chercher des piges. Il y avait un côté Yalla, on s’en fou, il n’y a pas de plan, on attend un bébé, on a pas de taff, ce n’est pas grave. Donc ce truc là, ça reste après. Même quand tu as des enfants. Tu te dis, que tout peut arriver, tu peux tout faire et puis surtout si tu perds tout ce n’est pas grave. Quelquefois on a pris des risques, en changeant de job, etc… On se disait, au pire franchement on a des parents qui peuvent nous accueillir, on aura un toit sur la tête.

A Madagascar, la vie est précaire, très très précaire. Quand tu reviens en France, tu te dis notre vie même si on est au chômage, en fin de droit, on va chez les parents et on se refait. On se démerdera toujours. Tu changes complètement de prisme.

Ça a été extrêmement dur pour moi. Pour moi je suis rédacteur en chef, je vois une fille qui a passé 2 ans dans la brousse… Donc quand je vais dans un pays pauvre, je sais tout de suite ce qui se passe. Je me dis cool. Elle a déjà fait 1 an de journalisme avant. Super ! Pour moi c’était une caution de la fille qui n’a pas froid aux yeux et qui a un peu de plomb dans la tête. Qui a vécu des choses qui fait qu’elle a pris un peu de maturité sur certains sujets. Et bien pas du tout ! Je suis retournée voir mon rédacteur en chef de La Vie. Qui m’a dit, je vais te dire un truc l’Afrique tout le monde s’en fou, et si tu avais fait 2 ans chez Télé Z, à mon avis ça aurait été mieux pour moi.

Je me suis aperçue que 1 j’étais enceinte, ça ne se fait pas dans ce métier d’être enceinte si tôt et 2, qu’effectivement Madagascar tout le monde s’en fout. J’ai fini par l’enlever de mon CV. Alors que j’avais ça au fond de moi.

On y est retourné il y a 3 ans avec les enfants, c’était notre grand voyage avec les enfants. On leur a dit, on va vous montrer ce qu’on a vécu. Et là tout nous est revenu dans la tête. Parce qu’on s’est dit, ça fait partie de nous. En revoyant les gens, les odeurs, on s’est dit Madagascar c’est aussi nous. Et on avait mis un couvercle sur tout ça, parce qu’on était un peu obligé. Tout le monde s’en foutait.

Je sais pas pourquoi, depuis le début, il faut que je réussisse et pas qu’à moitié.

Je me souviens, je suis arrivée, je transpirai, je n’avais jamais rien fait de ma vie. Tout était faux, je ne savais pas du tout ce que c’était un montage télé. C’était un métier tellement différent. Anne-Isabelle, à qui le monteur lui en devait une, à dit au monteur c’est secret, Dorothée n’a jamais fait de télé, tu te démerdes pour que ce reportage soit hyper bien.

C’était tellement stressant, que j’ai perdu la moitié de mes cheveux. A cette époque, j’avais tout le temps un bandeau sur la tête. Le stress était tellement dingue, et je me mettais tellement la pression, parce qu’il fallait que ça marche. J’avais réalisé, que c’était ma seule issue pour devenir journaliste. Il fallait que ça marche ! Et ça a marché.

Je suis très ambitieuse, mais je n’aime pas marcher sur les gens.

Je faisais des chroniques aux côtés de Michel Cymes, ce qui est drôle parce que quelques mois avant j’étais en train de désespérer toute seule dans mon appart et là je passais à la télé en direct. C’était rigolo.

J’ai eu mon 2e enfant, 3 ans après le 1er. Toujours en étant journaliste au Magazine de la santé. Le 3ème est arrivé 2 ans après, à un moment où j’avais fait un peu fait le tour, j’avais d’autres envies. Et la vie parisienne commençait à me débecter. J’avais grandi dans la Manche, dans la nature. Et pour moi, ça devenait un non sens d’élever mes enfants là-dedans. Ça à la fin, ça me foutait tous les matins une boule à l’estomac. Déjà ma vie pro commençait à moins m’épanouir. C’est quand même assez infantilisant dans le journalisme, ce côté de toujours devoir être choisi. Chaque fois que tu te pointes quelque part, c’est hum je ne sais pas, on va te tester. A 25 ans tu acceptes, à 35 tu n’en peux plus. Et il y a aussi beaucoup de violence dans ce métier. J’étais en train de faire d’autres expériences, dans la même boite mais pour faire des petits documentaires, avec une rédactrice en chef qui me parlait comme à une merde et qui me faisait pleurer en salle de montage. Personne ne mérite ça. Tu as affaire à des gens qui ne connaissent pas le management, qui ont une pression au dessus de leur tête et qu’ils n’arrivent pas à gérer et donc toi tu te prends ça en pleine face, avec en plus très peu de reconnaissance. Il y avait donc ce côté, vie pro qui devenait très compliquée pour moi. Et le côté vie perso, moi élever ma famille, c’est en sentant l’odeur de l’herbe coupée. J’avais besoin de nature et d’une vie normale. Je ressentais vachement l’agressivité de la vie parisienne.

Mon mari s’est fait virer avec joie, on s’est dit c’est notre seule porte de sortie.

J’ai un coup de fil de la rédactrice en chef cinglée, alors qu’est-ce que t’as ? Qu’est-ce que t’as ? Je veux que tu ailles filmer dans la tente. Je lui dis, mais on ne peut pas faire ça. Ce n’est pas possible. Elle me dit, mais tu es journaliste ou tu n’es pas journaliste ? Et là en fait, oui je suis journaliste mais si c’est ça le journalisme, je n’en veux plus. Je ne veux plus ça. 1h après mon mari m’appelle pour me dire. J’ai trouvé du boulot à Nantes, oui ou non ? Et je lui ai dit un grand OUI. Ça m’a forcé à quitter le journalisme, c’était tellement une passion, ça faisait partie de moi. C’était tellement en moi. Quand j’interviewais des gens qui me confiaient leur histoire, je me sentais tellement à ma place. C’était un métier qui me faisait faire des rencontres, dont j’avais besoin dans la vie. J’étais forcée de le quitter, parce que tout se faisait trop dans la douleur. Et il n’y avait qu’en partant de Paris que je pouvais le quitter, car si non je n’aurai jamais fait le deuil. Et donc là Nantes, c’était parfait, je partais.

Il y a eu les premiers mois, quand on est arrivé à Nantes, on avait l’impression d’avoir gagné au loto. On avait une maison, on était en province, on allait à la mer le week-end… Tout était au vert, et j’avais très envie de bosser.

Il y avait ça aussi dans le journalisme, au-delà de la précarité et de la violence, il y avait ce côté, en télé, tout est tiré vers le bas et tes exigences de journaliste, au final ça passe après l’audience. Même dans des trucs assez sérieux, il fallait un peu de sensationnel et j’avais envie de faire fonctionner un peu mon cerveau.

C’est ça j’étais dégoutée. C’est un métier passion avec des gens qui veulent faire et qui veulent rendre service et qui veulent rendre compte mais le système fait que tu ne peux pas faire ton métier.

C’était beaucoup moins prestigieux que de passer à la télé sur France TV, que de faire des reportages qui sont vus par des millions de personnes, mais intellectuellement je m’y retrouvais et surtout j’étais loin de cette violence, que je supportais de moins en moins dans le journalisme et de cette précarité qui est assez violente. 6 mois de bonheur, jusqu’à ce que ça se passe très mal avec le fondateur de la start-up. Il s’est agit au prudhomme de souffrance au travail et pas qu’avec moi. Ça a été hyper dure. Je suis restée 18 mois dans cette boite. Et de me dire, mais ce n’est pas possible, je n’ai jamais de chance. Je souffre toujours, c’est quoi mon problème ? Je ne veux plus chercher de travail, je finis toujours en pleurant et en étant détruite. J’en étais là, 2 ans après mon arrivée à Nantes. Je ne savais plus quoi faire.

Il y a un truc qui me démangeait depuis toujours, c’était la scène. Je n’avais jamais fait de théâtre. Quand j’étais petite je voulais être actrice.
C’était pour moi un sous-métier, je ne sais pas pourquoi les comédiens ça avait cette image là c’était forcément la loose, c’était trop difficile. Donc je ne suis pas allée vers ça.

Au magazine de la Santé, on faisait une petite fête, une année on avait fait des petits sketches. J’étais devant la caméra, et j’imitais des gens qu’on interviewait régulièrement. Je savais que j’avais ce truc là, de savoir imiter les gens, et une fois que ça s’est terminé, tout le monde était mort de rire. Ça a été un peu choc pour moi, les gens sont venu me voir et me dire, mais fais-en ton métier. Mais en fait, tu es comédienne. Il y a le producteur qui est venu me voir pour me dire, mais écris et on fait des trucs ensemble. Michel est venu me voir, mais Dorothée fait quelque chose. J’ai dit, ouais non, je ne sais pas et je venais d’avoir mon 2e. Cette soirée là j’étais épuisée, et j’avais encore plein de choses à me prouver dans le journalisme et je me disais d’instinct, je ne vais pas me lancer dans un truc encore plus galère. Je ne vais pas me lancer dans le spectacle, c’est n’importe quoi. Mais n’empêche que j’avais ça en moi, et on me disait tu as du talent.

5 ans plus tard à Nantes, j’avais ce truc là. Et de temps en temps j’écrivais des sketches. Ça sortait tout seul, et en 1 mois j’ai écrit quelque chose. Je me suis éclatée à écrire le truc et à le fignoler.

La veille, je me suis dit mais tu es complètement con, mais pourquoi tu fais ça, c’est n’importe quoi. Je crois qu’il y avait 80 places, tout était réservé et donc j’ai re-réservé une soirée. Et donc, je n’étais jamais montée sur scène et je m’apprêtais à raconter ma life pendant 1h15. Sans compter qu’il y a des gens aussi qui étaient des journalistes.

J’ai fait mon spectacle, il y avait la lumière et tous ces gens devant moi et en fait, je ne sais pas, j’étais stressée parce que je n’avais pas assez répété. Je ne savais pas qu’il fallait à ce point répéter, mais n’empêche qu’il y a un truc qui s’est passé. Tout le monde était mort de rire. A la fin, quand ça a applaudit, je pense que c’est un des plus beaux moments de ma vie. Ils se sont tous levés et en fait il y avait plein de gens que j’aimais. Il y avait un peu ce côté, c’est moi la journaliste, mais en fait je suis un peu une artiste. C’est ça que j’avais au fond du coeur et paff je vous l’ai livré et c’était dingue.

La 1ère tu es toujours en état de grâce et la 2ème tu te plantes.

Je voulais savoir si tu voulais en faire ton métier, et là je lui dis, alors là aucune idée. Le mec me dit, alors ça on m’a jamais dit ça. Car en gros dans le spectacle, si tu as un producteur dans la salle, déjà tu es content et le mec qui veut travailler avec toi…

Ce qui était dingue, c’est que sont venues dans ma salle des personnes que j’aurai adoré rencontrer. Des rédacs chefs du Parisien, de France Inter etc… que je n’aurai jamais pu rencontrer et qui tweetaient derrière, allez la voir, enfin on en parle et qu’est-ce qu’on rit. Et ça m’a vachement réparé, après toutes ces années de journalisme, plus on a un peu enfoncé le clou dans la start up nantaise. A la fin, tu as un peu l’impression d’être une merde. Et que j’avais pas de chance et que je ne pouvais pas supporter le monde du travail. Et ça, ça m’a vraiment réparé et des journalistes à la fin qui me disaient : ça me fait du bien de t’entendre, parce que j’avais un peu l’impression d’être une merde et en fait je m’aperçois que c’est pour tout le monde pareil et qu’on en parle pas trop parce que je pense que c’est un peu comme dans le show biz, il faut toujours montrer que ça marche, au fond c’est dure pour tout le monde.

Moi sur scène, je me sentais complètement vivante.

C’est un shoot, c’est là où tu comprends que les artistes deviennent complètement zinzin. Une fois que tu as vécu ça, tu as l’impression d’être le roi du monde et après la vie quotidienne elle est un peu plate. Et je ne parle pas d’un zénith, il y avait 140 places. J’ai vu le côté assez violent du show biz, et je retombais dans le même truc, et je n’avais pas envie.
Ça a été prolongé 18 mois, ce spectacle. L’avant dernier soir c’était mes 40 ans. J’ai une copine qui avait convoqué, tous mes bons potes parisiens dans la salle. En fait, c’était par surprise. Je suis arrivée dans la salle j’ai vu que des têtes que j’aimais. Je me suis dit, c’est la dernière fois où je vais m’éclater et je me suis éclatée. Je pense qu’au fond, j’ai fait le spectacle pour m’éclater pour des gens que j’aimais.

Il y a un truc dans le one qui m’a empêché de progresser, c’est que je n’avais pas envie de m’exposer. Je connaissais ça en télé. Les artistes qui sont sur scène, on tous cette énorme faille affective qui fait qu’ils ont besoin d’être aimé tout le temps. Moi, j’avais ma famille, j’étais assez stable. J’avais besoin de m’exprimer et pas d’être mise en avant. C’est le passage obligé, si tu veux arriver à te faire connaître.

Il y a le metteur en scène de François-Xavier Demaison qui est venu dans ma salle, pour me faire une proposition. Il m’a dit la question, c’est est-ce que tu as envie de faire un zenith ou pas, je lui dis bah bien sûr. La 2ème question, aussi, c’est est-ce que tu es prête à divorcer pour ce métier ou pas. Et là, j’ai dit non. Est-ce que tu es prête à tout ou pas ? Il y a des choses de maboul à faire sur ce sujet, mais il faut que tu sois prête. Et je ne l’étais pas.

(mon mari) Il m’a vachement accompagné. ll me connaît par coeur, il sait que j’avais ça au fond de moi. Le 1er soir où j’ai fait mon spectacle, il était super stressé pour moi et hyper soulagé à la fin. Au moment où j’ai eu cette proposition de passer le step au dessus, il m’a dit s’il le faut, on repartira vivre à Paris. J’ai toujours jonglé entre vie pro et vie perso, et lui était assez libre pour tracer sa route. Donc là c’était, c’est peut être le moment de te laisser la place.

C’est compliqué de garder son équilibre en faisant du one-woman show. Je n’avais pas envie de casser tout notre bonheur en revenant vivre à Paris, donc ça a été j’arrête. Le soir de ma dernière, c’était lacher une partie de moi qui m’avait éclaté. Arrêter le spectacle c’était très très compliqué tout de même. Donc j’ai pleuré et j’ai bu. J’arrivais en fin de droit, on avait une baraque à rembourser et il fallait que je gagne ma vie.

Non ce n’est pas compliqué, je crois qu’en fait c’est très bizarre parce qu’on se met des barrières, et il n’y en a pas, en fait. Mais en fait que ça soit la scène, ou que tu as des talents de peintre et que tu te mets un couvercle dessus depuis des années. Je ne sais pas pourquoi il y a une barrière qu’on se met. Pourquoi on ne se dit pas, je vais dessiner tous les soirs.

Il y a un moment, j’ai failli ne pas le faire ce spectacle, parce que j’avais un peu la trouille et parce que c’était confortable de ne pas changer mon habitude, mais n’empêche aujourd’hui de l’avoir fait, je suis devenue qui je suis. Et en fait, ce n’était pas si compliqué. Pour ce genre de projet, il faut avoir les bonnes conditions. J’avais un mari qui me soutenait et j’avais des droits au chômage.

Quand je préparais mon spectacle, je me souviens d’un jour, dans mon salon, où je préparais mes accessoires. Je sentais une espèce de joie pure, de créer. Je suis pas une laborieuse, je suis un peu une glandeuse. Là je faisais, ça allait vite, je fabriquais mes trucs, avec un sourire aux lèvres. C’était un peu comme une évidence. Ces moments là, c’est assez dingue.

Ce qui m’a le plus servi, dans la communication c’est le spectacle. En communication, le moment le plus pure c’est quand tu es face à des gens. Et quand tu es sur scène, tu apprends à mesurer jusqu’où je peux aller, Qu’est-ce qui peut émouvoir les gens ? Jusqu’où ils peuvent me suivre ? Jusqu’où ils peuvent comprendre mon délire. Comment je peux les convaincre ? Et donc ça t’apporte énormément sur tes communications.

Ça milite encore plus sur, il faut arrêter de regarder les gens à travers leur CV, il faut regarder ce qu’ils ont fait à côté.

L’entrepreneuriat, je me disais que ça n’allait être que des emmerdes. Jamais je ne me serai lancé là-dedans.

C’est un peu comme le spectacle, quand tu n’attends plus rien, il y a quelque chose qui te tombe dessus. Le spectacle, c’est quand même de la chance. Je ne savais plus quoi faire de ma vie.

Je demande à Seb d’écouter mon répondeur. J’avais tellement tout le temps des mauvaises nouvelles. Je ne voulais même plus écouter mon répondeur à l’époque, tellement c’était la loose professionnelle. Seb me dit, il y a Rob Spiro, cet américain, qui veut que tu le rappelles parce qu’il veut que tu montes une start-up. J’ai dit : Quoi??? Sachant que le mec avait monté une 1ère start up à 28 ans, qu’il avait revendu à Google, un truc de maboul. Ensuite, il a lancé The GoodEggs qui a levé 50 millions de dollars il y a 2 ans. Le mec juste, petit génie de la Silicon Valley. Donc le mec me rappelle pour monter une start-up, moi l’artiste paumée.

On n’y connaissait rien ! Je me suis lancée dedans, en me disant j’ai rien d’autre à faire. Etre entrepreneur, ce n’est pas mon truc, mais on verra bien. Et en fait, je me suis aperçue que j’avais fait ça… Avec le journalisme, tu t’aperçois que tu te démerdes toujours pour faire plein de choses avec des bouts de ficelle. Donc ça, ça sert toujours dans l’entrepreneuriat, et que tu as tout le temps des gens pour t’aider, pour te donner des conseils etc… Après il y avait l’aura de cet américain. Et le spectacle qui m’a vachement aidé pour la com. Je me suis aperçue que 1, je savais faire plein de trucs. Alors qu’on me renvoyait à la gueule que je ne savais que poser des questions et écrire des articles, mes derniers entretiens c’était ça. Et pareil pour Coline. Et, 2, mais quel bonheur de ne pas avoir a être choisi, mais de choisir. Quand tu es entrepreneur tu choisis. Et en fait, j’avais passé ma vie a être choisie, dans le journalisme, dans le showbiz, il faut toujours que tu attendes ça. Et là, c’est toi qui a les reines, et franchement, c’est une liberté qui est inestimable. Au bout de 2 ans ½, on ne pensait pas qu’on en arriverait jusque là. Ça marche et tout, c’est hyper cool. On hallucine un peu et surtout on a personne au dessus de la tête.

La réussite, c’est être heureux là où on est. Etre heureux, c’est juste sourire et être heureux de la journée qu’on va passer et ce tous les jours, trouver sa place, savoir ce que tu dois faire dans la vie. Là, j’ai l’impression d’avoir trouvé un compromis. J’ai vécu le bonheur ultime sur scène, mais c’est pas la vraie vie. Du coup là c’est super, mais est-ce que c’est pas tout ce qu’il faut attendre ? Est-ce que derrière, il y a autre chose où ça sera complètement ma place.

Je rentrais chez moi, les yeux défoncés par l’ordinateur à faire des tâches chiantes. Et je me disais, non ce n’est pas moi et je n’en peux plus. Et surtout, je n’ai plus rien à apporter à la boite, je n’ai plus rien à apporter. Moi dans une entreprise, ça ne veut rien dire, je suis une artiste, je ne suis pas ça. J’ai rencontré cette coach, « j’en ai honte mais moi je ne peux pas faire de 9h à 18h, moi j’étais journaliste où il fallait aller ailleurs ». Elle m’a dit, oui parce que tu es une créative. Et que les créatifs, le bureau toute la journée, le bureau ça les tue. Ils meurent. Et je me suis dit, c’est exactement ce que je suis en train de ressentir. Je suis en train de mourir à l’intérieur.

Aujourd’hui je me donne le droit d’être une artiste créa dans ma boite, et oui je suis fondatrice, et oui je suis chef d’entreprise, mais n’empèche que c’est moi. Ca ça m’a vachement aidé. Ce discours là m’a vachement décomplexé. Si je ponds des bonnes idées que ce soit chez moi sur mon canap ou derrière un bureau peu importe. Je devenais complètement décomplexée, à me dire, bah zut, je ne suis plus bonne à rien, je ne leur sers plus à rien. Mieux vaut que je leur trouve un DG, que je passe la main et que je me casse. Avec ce que tu es, où est ta place ?

Pourquoi tu n’as pas fait le cours Florent ? C’est la question que je me pose dans les moments durs. Tu n’as qu’une vie, tu en rêvais depuis toujours, tu es une comédienne au fond de l’âme. Pourquoi tu ne l’as pas fait ?

Mais elle dirait tout de même, c’est chouette ta vie. Par contre je garde en tête de faire un spectacle à 80 ans. Je sais que je remonterai sur scène.

La pression que je me mettais à moi-même. De devoir réussir à tout prix et de devoir enchaîner les Everest. Mon mari me dit toujours pourquoi tu ne fais pas les choses plus posément ?

Je n’ai aucune carapace contre l’agressivité.

Il ne fallait pas que ça foire, il fallait que je réussisse. J’ai fini au bout de la 1ère année à 8 de tension, avec mon médecin qui m’a dit : soit vous fermez votre ordi pendant les week-end et à partir de 18h, soit vous allez y passer. C’était le burn-out, ma grosse peur c’était que ça ne marche pas et ça me foutait une telle pression que ça commençait à être très nocif pour moi.
J’ai vraiment trouvé l’associé en or. On a ce truc de se dire, tu sais quoi si ça foire, franchement on se sera bien marrée. C’est pas facile de se le dire. Ça échoue, qu’est-ce que je fais ? Et une fois que tu sais ce que tu vas faire une fois que ça échouera. Ça va ! Ça permet d’enlever la pression.

La plus fière, de mes enfants !
De Jho aussi, avec du recul, toutes mes expériences professionnelles avec du recul on dit wahoo tout ce que j’ai fait, mais à chaque fois je prenais ça comme des échecs quand j’arrêtais et là jho, je suis fière de ce qu’on fait parce qu’on vend des choses qui ont du sens, on a une vraie action solidaire, pour des associations et ça a vachement de sens, je suis super fière de ce qu’on a réussi à faire avec Coline avec nos petites mains, sans être dans le bon réseau parisien, je suis hyper fière de ce qu’on a fait.

Il y a une part de chance, bien sûr, mais… “gros con dégage”, c’est vachement de boulot. Toutes les expériences mises bout à bout font qu’aujourd’hui Jho cartonne. Ce n’est pas de la chance les gars. La chance c’est d’être arrivées au bon moment sur le bon marché et d’avoir rencontré Rob Spiro, qui nous a donné cette idée. C’est beaucoup de boulot et d’empathie vis à vis de nos clientes.

Conseil : Détends-toi ça va aller. Le meilleur conseil, on se dit toujours avec Coline, et nous qu’est-ce qu’on en pense ? Il y a tellement de conseils dans tous les sens. Et nous au fond de nous, qu’est-ce qu’on en pense ?

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3 réponses

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